L'Atelier politique

Éric Coquerel: «L'extrême centre compte sur l'extrême droite»

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Le président de la Commission des finances de l'Assemblée nationale s'interroge sur un accord caché entre la Macronie et le RN, critique le plan Trump pour Gaza et alerte sur l'extrême droitisation de la droite républicaine. Invité de L'Atelier Politique, il répond aux questions de Frédéric Rivière.

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Eric Coquerel, président de la Commission des finances de l'Assemblée nationale.
Eric Coquerel, président de la Commission des finances de l'Assemblée nationale. © RFI
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Éric Coquerel se montre sceptique sur l'annonce de Sébastien Lecornu de ne pas recourir au 49.3, : «J'y vois un leurre qui cache peut-être un accord avec le Rassemblement national avec madame Le Pen

Il justifie ses soupçons : «Les journées de mercredi et jeudi à l'Assemblée ont été marquées par des votes communs du Rassemblement National et de la Macronie partout. Arithmétiquement, le socle commun ne peut pas gagner sans le Rassemblement national.»

«Je pense qu'il y a un accord et que l'extrême centre pour s'en sortir compte maintenant sur l'extrême droite», affirme-t-il, évoquant la possibilité que le RN «s'abstienne sur le budget une fois qu'il aura fait rentrer ce qu'il souhaitait».

La banalisation du RN dénoncée

Sur l'élection de deux vice-présidents RN à l'Assemblée nationale, il s'insurge : «La question c'est quelle idée vous défendez. Quand vous commencez à dire c'est normal que le Rassemblement national accède à toutes les formes de représentation, vous banalisez le Rassemblement national.»

«Rien n'oblige à ce que l'extrême droite soit présente dans le bureau, où rien n'oblige à ce que la Macronie compte sur l'extrême droite pour être élu président de commission», insiste-t-il.

Roger Karoutchi et la rupture du cordon sanitaire

Face aux propos du sénateur LR qui affirme préférer voter RN plutôt que LFI, Éric Coquerel voit «une extrême droitisation de tous les tenants du néolibéralisme» : «C'est fini, ce qui a permis que l'extrême droite ne prenne pas le pouvoir dans ce pays, c'est le cordon entre la droite républicaine et l'extrême droite. Il est en train d'être évacué.»

Il rappelle les désistements de juillet 2024 : «Quand nous avons appelé nos candidats arrivés troisième à se retirer, 76% des électeurs de gauche ont voté pour des députés de la droite républicaine ou de la Macronie. En face, ça n'a été que 46%. La position de monsieur Karoutchi annonce l'arrivée au pouvoir de l'extrême droite en France.»

«Plutôt Hitler que le Front populaire»

Sur l'hypothèse d'une disparition du Front républicain contre le Rassemblement national, son analyse est tranchée : «C'est Hitler plutôt que le Front Populaire, c'est la même histoire qui recommence. Pour les politiques néolibérales, devant les risques de voir ces politiques remises en question, les tenants d'une espèce de capitalisme absolutiste préfèrent s'allier avec l'extrême droite plutôt que de voir arriver des mouvements qui professent un changement profond.»

Il cite des exemples internationaux : «Javier Milei, Viktor Orban, Jair Bolsonaro, Donald Trump ne viennent pas de l'extrême droite organisée. N'empêche, ils appliquent des politiques d'extrême droite.»

Le plan Trump pour Gaza : une annexion déguisée

Sur le plan de paix américain pour Gaza, Éric Coquerel est catégorique : «Quand vous regardez le plan de paix, de manière hypocrite, à la fin, on inscrit la possibilité un jour d'un État palestinien, mais en fait le plan transforme Gaza en annexion pure et simple, au mieux en bantoustan.»

Il détaille : «On prévoit de faire en sorte que seront nommés par Israël des représentants palestiniens uniquement techniques. On exclut même l'Autorité palestinienne. On est complètement à rebours du droit international.»

Face à l'argument que ce plan mettrait fin à la guerre, il rétorque : «Il aurait le mérite de mettre un terme à la guerre sur les objectifs de Benyamin Netanyahu, qui est d'annexer Gaza et de faire en sorte que la colonisation continue en Cisjordanie.»

Sanctions plutôt que concessions

«La reconnaissance de l'État de Palestine, même si elle était imparfaite, isolait finalement les États-Unis et Israël. Maintenant on devrait discuter des sanctions pour qu'Israël sorte de Gaza et cesse le génocide en cours», plaide-t-il.

«On a un plan où toutes les concessions doivent venir du côté palestinien. C'est un peu disproportionné, déséquilibré», conclut Éric Coquerel.

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