L'Atelier politique

Chloé Ridel: «Il faut reconnaître l’État palestinien maintenant, sinon il n’existera pas !»

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L’eurodéputée socialiste Chloé Ridel défend la taxe Zucman, critique la doctrine française du maintien de l'ordre et plaide pour la reconnaissance de l'État palestinien. Elle répond aux questions de Frédéric Rivière dans l’Atelier Politique.

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Chloé Ridel.
Chloé Ridel. © RFI
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Les manifestations : un succès malgré les violences

Interrogée sur les dégradations lors de la manifestation du 18 septembre, elle relativise : «Ce n'est pas du tout ce que je retiens de la manifestation qui a été un succès, avec une participation forte des Françaises et des Français dans les cortèges partout en France

Elle souligne la diversité des participants : «J'ai vu des salariés du public, des gens qui travaillent dans les hôpitaux psychiatriques, des policiers, des gendarmes, des salariés du privé, dans les transports, tout le monde réuni autour d'une même demande de justice fiscale.»

Sur les violences, elle pointe du doigt la doctrine française du maintien de l'ordre : «Cela résulte d'une certaine doctrine en matière de maintien de l'ordre, qui fait beaucoup de part à l'affrontement. En Allemagne notamment, les manifestations ne dégénèrent jamais, parce qu'il y a une autre doctrine de maintien de l'ordre.»

La taxe Zucman : une question de justice

Face aux critiques sur la fuite des capitaux, sa réponse est tranchante : «Je veux vous alerter sur la violence que ça peut représenter pour les gens qui, eux, payent leurs impôts, n'ont pas le choix d'aller optimiser fiscalement ailleurs, d'entendre qu'on ne peut pas taxer ceux qui ont le plus parce qu'ils vont partir. C'est d'une violence sociale inouïe.»

Elle dénonce ce qu'elle appelle un «phénomène de sécession» : «Des gens très riches qui disent 'vous pouvez faire ce que vous voulez, vous, les politiques. Le peuple peut décider ce qu'il veut. De toute façon, moi je m'en irai.' Alors que j'ai bénéficié pendant des années, que la France m'a nourri, que la France m'a éduqué, que la France m'a soigné.»

Des solutions existent contre l'exil fiscal

«Les États-Unis le font par exemple, c'est-à-dire que l'impôt vous poursuit même si vous changez de résidence. On ne peut pas accepter que des gens, parce qu'ils sont très riches, s'émancipent de la solidarité nationale.»

Sébastien Lecornu : vers une censure inévitable

Sur le nouveau Premier ministre, le constat est sans appel : «Pour l'instant, il n'y a pas vraiment de signal dans notre direction. Et donc on s'acheminerait plus vraisemblablement vers une censure. Je ne vois pas comment on pourrait ne pas censurer la politique puisqu'aucun changement de cap n'est annoncé.»

Elle dénonce l'attitude d'Emmanuel Macron : «Ça fait trois fois de suite qu'il refuse de nommer la force arrivée en tête aux élections législatives, c'est-à-dire la gauche. Et je peux vous dire que cela choque énormément mes collègues au Parlement européen.»

Palestine : une reconnaissance nécessaire

Sur la reconnaissance de l'État palestinien, elle justifie l'urgence : «Il est pertinent de reconnaître l'État palestinien maintenant, parce que si nous ne le faisons pas maintenant, il n'existera pas.»

Elle accuse le gouvernement israélien : «Le gouvernement israélien, celui de Monsieur Netanyahu, veut faire le grand Israël du fleuve à la mer, en préparant l'annexion de la Cisjordanie et en préparant l'occupation durable de la bande de Gaza.»

«Ce n'est pas une récompense envers le Hamas. Vous pensez vraiment qu'Emmanuel Macron ou que les socialistes ont une quelconque sympathie pour le groupe terroriste qu'est le Hamas ? Jamais. Par contre, nous pensons que la reconnaissance de l'État palestinien est une mesure de justice historique.»

Sanctions contre Israël : une nécessité

Elle défend les sanctions économiques : «Aujourd'hui, si vous êtes pour la solution de paix à deux États, il faut faire pression sur le gouvernement israélien, sinon ça ne fonctionnera pas. Donc il faut sanctionner Netanyahu, il faut suspendre l'accord d'association, il faut décréter un embargo sur les armes.»

 

Un conflit qui divise la France

Sur les tensions communautaires, elle analyse : «En France, nous avons à la fois la plus grande communauté juive d'Europe et la plus grande communauté musulmane d'Europe. Il y a un lien avec l'ensemble des Juifs du monde entier et Israël, et il y a aussi une identification au sein de la jeunesse arabo-musulmane avec le sort des Palestiniens à Gaza.» Elle met en garde : «Il ne faut pas que nous soyons là à souffler sur les braises. Il faut montrer qu'il n'y a pas d'empathie à géométrie variable. Ce qui n'est pas supporté de part et d'autre, c'est d'avoir l'impression que la vie de l'un vaut plus que la vie de l'autre.»

Un espoir malgré les divisions

Chloé Ridel veut trouver un motif d’optimisme dans ce contexte de tensions : «Il y a une recrudescence de l'antisémitisme depuis le 7 octobre, qui est inacceptable, en miroir d'une recrudescence des actes à caractère raciste et islamophobe. Mais jusqu'à présent, il n'y a pas eu de violences qui ont débordé entre les communautés. On peut se féliciter de cela.»

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