Le faiseur de paix Donald Trump prépare-t-il la guerre en mer des Caraïbes?

RFI présente un nouveau rendez-vous à partir d’aujourd’hui : « La fabrique du monde » pour analyser et comprendre les relations internationales dans un monde en mouvement à grande vitesse, avec notre journaliste Guillaume Naudin. Pour cette première chronique, direction les Amériques et plus précisément la mer des Caraïbes, où la tension monte avec le renforcement de la présence militaire américaine.

Les États-Unis ont déployé 10 avions F35 à Porto Rico, dans le cadre de leurs opérations antinarcotiques dans les Caraïbes. Ici, des F35 volant aux États-Unis, le 3 septembre 2025. (Image d'illustration). AFP - OLIVER CONTRERAS

Pendant qu’à l’autre bout du monde, il assiste à la signature d’accords entre la Thaïlande et le Cambodge, le faiseur de paix autodésigné Donald Trump renforce la présence militaire américaine dans la région. Il vient d’y envoyer le groupe aéronaval du porte-avion Gerald Ford, le plus gros du monde. Le bateau et ceux qui l’accompagnent quittent la Méditerranée orientale et le Moyen-Orient, ce qui démontre l'importance accordée à la région militaire sud des États-Unis.

Les forces américaines y comptent déjà environ 6 000 soldats et des matériels répartis un peu partout comme des avions de combats F-35 stationnés à Porto-Rico, des drones ou encore des navires d’attaque qui participent à des exercices avec les forces armées de Trinité et Tobago. Soit une zone à 40 kilomètres des côtes du Venezuela.   

Des frappes américaines de plus en plus fréquentes

Washington a procédé à dix frappes dans les deux derniers mois, en comprenant les opérations dont on a connaissance. Cela avec un bilan total de 43 morts. Ce sont des bateaux ou des sous-marins accusés, sans preuves réellement tangibles, de transporter de la drogue vers les États-Unis.

C’est d’abord, et comme la plupart du temps, un message à destination de son propre électorat qu’envoie le président américain. Il s’est fait élire sur la promesse de lutter contre la criminalité présentée comme hors de contrôle dans les villes américaines, et contre la consommation de drogue, notamment de fentanyl.

Il accuse des gangs vénézuéliens d’en être à l’origine. L’organisation Tren de Aragua, qu’il citait abondamment dans ses discours de campagne, est désormais traitée comme une organisation terroriste. C'est-à-dire que ses membres présumés sont susceptibles d’être frappés, arrêtés et détenus et surtout traités en dehors des cadres juridiques habituels. Comme des ennemis combattants ou comme l'avaient été des personnes présumées d'appartenir au groupe terroriste al-Qaïda après le 11 septembre 2001.

Le Venezuela considéré comme un narco-État  

Le Venezuela est accusé par Washington de complicité avec une organisation considérée comme terroriste. Et la plupart des bateaux visés par les forces américaines étaient d’ailleurs présentés comme venant du Venezuela, mais non seulement.

La Colombie est également dans le viseur, des bateaux colombiens ayant également été visés. Des actes illégaux, selon le président colombien Gustavo Petro, qui en réponse a été sanctionné par le trésor américain. Il faut dire que c’est un président de gauche. Washington a également une longue liste de divergences politiques avec le régime du président vénézuélien Nicolás Maduro. Sa principale opposante, qui vient de recevoir le prix Nobel de la paix, tant convoité par Donald Trump, vit dans la clandestinité depuis la dernière élection présidentielle hautement contestée.  

La pression sur les régimes non alignés à Washington de la région

Donald Trump a confirmé des informations de presse, selon lesquelles il a autorisé la CIA, le renseignement extérieur américain, à mener des opérations clandestines au Venezuela, sans plus de précisions. On sait néanmoins que des opérations terrestres, toujours contre des groupes de narcotrafiquants, sont envisagées. La CIA a un historique très fourni d’interventionnisme en Amérique latine. Et c’est ce que dénonce Nicolás Maduro.

Difficile d’imaginer cependant une invasion en bonne et due forme alors que Donald Trump a promis de mettre fin aux guerres infinies. Mais il est clairement en train de tester la solidité du régime vénézuélien et la détermination de ses soutiens.