Le choix musical de RFI

Abed Azrié, itinéraire d'un artiste syrien à Paris

Publié le :

Éperdument, l'enfant d'Alep au bord de la Seine est le récit d'Abed Azrié, musicien, compositeur, interprète, traducteur et écrivain de langue française et arabe. Après une vingtaine d'albums à chanter les poètes, d'Ibn Arabi à Adonis, la poésie étant sa langue, il raconte sa vie depuis la Syrie.

Abed Azrié à RFI, juillet 2025.
Abed Azrié à RFI, juillet 2025. © RFI/Laurence Aloir
Publicité

Abed Azrié est un érudit né en Syrie en 1945, dans une fratrie de dix enfants. C’est un solitaire qui a envie d’ailleurs et quand il arrive à Paris en 1967, il comprend qu’il est arrivé chez lui. Curieux de tout, cet amoureux du cinéma, de la musique et surtout de la poésie a traduit l’Épopée de Gilgamesh en français, l'un des récits les plus anciens de l'humanité.

L'artiste considère que sa véritable patrie est la poésie. Pour lui, « ce n'est pas la langue française, ce n'est pas la langue arabe mais c'est la langue de la poésie ». À 16 ans, il passait des nuits blanches à lire Les Fleurs du mal de Baudelaire et Une Saison en enfer de Rimbaud en arabe. Cette passion pour les mots transcende les frontières linguistiques : que ce soit Walt Withman, Pablo Neruda ou Federico García Lorca, la poésie lui parle dans un langage universel.

L’Art de musicaliser la poésie

Azrié ne se contente pas de lire ; il musicalise les mots. C'est le cas, par exemple, des Chants d’amour et d’ivresse d’après les écrits du poète du XIIIe siècle Ibn Arabi. Il est traversé par le dépassement de soi et la spiritualité. Il a composé un Évangile selon Saint-Jean nourri, entre autres, par La Passion selon Saint-Mathieu de Bach et le Requiem de Mozart qu'il écouta six années durant.

Son penchant pour le sacré lui vient des offices de l'Eglise syriaque d'Alep, où il chantait en syriaque et en araméen. À son arrivée à Paris, il remarque une différence dans les mélodies chantées à la messe : « Je me suis dit : "ils ne sont pas chrétiens ces gens-là" ».

Cette expérience lui fait réaliser qu'il existe deux christianismes : celui d'origine, d'Orient, et celui des convertis en Europe. Il comprend alors qu'il lui faut réapprendre. « Bach et Mozart m'ont ouvert la porte, non pas de l'Église, mais de la spiritualité, explique-t-il. Comme disait le philosophe roumain Emil Cioran : "Dieu doit beaucoup à Jean-Sébastien Bach". »

Éperdument : un enfant d'Alep au bord de la Seine d'Abed Azrié est paru aux éditions Al Manar.

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes