«Nueva Timba» d’Harold Lopez-Nussa: entre tradition cubaine et jazz contemporain

Cap sur Cuba avec le nouvel album du pianiste Harold Lopez-Nussa. Un disque dans la continuité de son précédent album, sorti il y a deux ans. Intitulé Nueva Timba - soit « nouvelle timba » en français - il fait suite à Timba a la Americana. La timba, genre musical cubain né dans les années 1980, mêle salsa, funk, jazz, reggae et parfois même rap. Une musique complexe rythmiquement, mais aussi très joyeuse et dansante.

Le pianiste de jazz cubain Harold Lopez-Nussa sort un nouvel album, "Nueva Timba" © Ryan McNurney

Harold Lopez-Nussa voulait enregistrer ce dixième album en live, pour échapper à la froideur parfois trop propre du studio et se rapprocher d’une ambiance plus vivante et chaleureuse. Le groupe (composé de Ruy Adrian Lopez-Nussa à la batterie, Luques Curtis à la basse et Grégoire Maret à l’harmonica) a donc enregistré plusieurs concerts au Duc des Lombards, l’antre emblématique du jazz parisien. Harold Lopez-Nussa a ensuite retravaillé ces enregistrements en y ajoutant sa touche personnelle.

« C’est un mix entre live et production. Après avoir choisi les bons titres, ceux que j’ai le plus aimés. J’ai beaucoup travaillé dessus. J’ai rajouté des percussions, des Rhodes, des voix, j’ai coupé, travaillé les sons chez moi… Donc, c’était la même intensité pour moi au moment du concert et après. Et après, c’était moi tout seul, mais c’était mon univers. C’est un processus que j’ai bien aimé aussi. Le résultat, c’est Nueva Timba », raconte le pianiste.

Dans cet album, on retrouve des rythmes complexes, très syncopés, avec de nombreux changements de mesure et de tempo soudains. Les motifs de piano sont plus imprévisibles et libres que dans la salsa. Harold Lopez-Nussa s’inspire du jazz fusion de Chick Corea, ainsi que de groupes cubains comme Irakere et AfroCuba, où jouait notamment son oncle pianiste.

Il mélange ainsi ses racines cubaines avec des influences jazz, rock, pop… Sur ce disque, il arrange même un morceau d’Ernesto Lecuona, grand compositeur cubain de musique classique, en réactualisant « Gitanerias ».

Autre détail notable : ce nouvel album est son deuxième à sortir chez Blue Note, le prestigieux label américain de jazz. Dans un premier temps, Harold Lopez-Nussa n'avait pas pu signer son contrat depuis Cuba, à cause de l'embargo. Il a donc dû quitter l’île pour la France afin de finaliser l’accord. Le pianiste rejoint sur ce label des légendes cubaines comme Chucho Valdes et Gonzalo Rubalcaba, qui ont profondément influencé son parcours.

Autre artiste à l’avoir influencé : le chanteur Benny Moré. Harold Lopez-Nussa lui rend hommage en revisitant son titre « Bonito y sabroso ». « C'est un classique de la musique cubaine, un morceau que j'adore depuis toujours. Au début, j'ai retranscrit et relevé toutes les voix que joue le big-band de Benny Moré, dans le piano. Et après, on a commencé à changer les harmonies, les rythmes, la structure, on a rajouté des sonorités un peu plus électroniques. Donc c'était une espèce d'appropriation de cette musique qui m'a accompagné toute ma vie. "Mueve la cintura y los hombros" : je crois que tous les musiciens de ma génération ont grandi avec ça dans la tête. Donc ça me fait vraiment plaisir quand je la joue, j'espère que ça donne de la joie aux gens aussi. »

Avec Nueva Timba, Harold Lopez-Nussa confirme une fois de plus sa technique et sa maîtrise pianistique remarquables. Un dixième disque à la fois ancré dans l’histoire du jazz latin et résolument tourné vers l’avenir.

Le pianiste cubain Harold Lopez-Nussa sera à retrouver en concert à Paris le 8 décembre, à l’Athénée.