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«Unfurl» de Asaf Avidan: la symphonie de l’inconscient, entre néant et lumière

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Sa voix éraillée et androgyne est reconnaissable entre mille. Celle d’Asaf Avidan, chanteur et musicien israélien, revient pour nous émerveiller avec un nouvel album intitulé Unfurl, littéralement « se déployer ». Présent sur la scène rock-folk depuis 2006, l’ancien leader de The Mojos continue de repousser les frontières de son art.

«Unfurl», le nouvel album du chanteur et musicien Asaf Avidan.
«Unfurl», le nouvel album du chanteur et musicien Asaf Avidan. © Faid A. Savant
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Avec Unfurl, Asaf Avidan signe sans doute son projet le plus ambitieux et le plus complexe musicalement. On y retrouve des influences multiples (pop, jazz, soul, blues) traversées par l’intensité du duende espagnol et par l'héritage poétique des chanteurs français Edith Piaf et Jacques Brel. Ce qui frappe avant tout, c’est la dimension orchestrale et cinématographique du disque : un entrelacement de mélodies et d’harmonies porté par un orchestre de 45 musiciens. Une approche maximaliste de la musique, véritable foisonnement sonore à la fois spectaculaire et profondément intime.

Mais Unfurl ne se contente pas d’en mettre plein les oreilles : c’est aussi un voyage intérieur, une quête de soi poussée jusqu’à la dissolution. Inspiré par le philosophe et psychologue suisse Carl Jung, Asaf Avidan explore la frontière entre le conscient et l’inconscient. Il confie même avoir traversé une expérience presque mystique pendant la création de l’album : à force de méditer, il a eu le sentiment de rompre avec l’existence ordinaire, de plonger dans le néant et de se connecter à un tout. Un vertige existentiel qui a débloqué son processus créatif.

Plongée dans l’inconscient artistique

« Cette expérience a été de la torture, un enfer. Au final, j’ai abouti à une sorte de dialogue entre le conscient et l’inconscient. Ce n’est pas vraiment du rêve lucide, ni de la méditation, mais un état étrange où l’on échange avec son inconscient, en essayant de lui donner une forme. C’était comme ce que certains décrivent lors de bad trips qui ne s’estompent jamais, où l’on reste coincé entre deux mondes. C’est ce que je vivais, ce que je tentais de traduire en musique. J’ai longtemps cherché le son de cet album »raconte-t-il.

Cette dimension philosophique et existentielle irrigue tout l’album. La peur de la mort est omniprésente, le temps se brouille, les rêves se confondent avec la réalité. Dans le titre « Unfurling Dream », le chanteur évoque cette frontière floue entre deux états de conscience, ce glissement permanent entre le tangible et l’imaginaire.

S’il ne lit pas la musique et ne maîtrise pas l’orchestration, Asaf Avidan compense par une intuition mélodique certaine et une grande culture cinéphile. Ce nouveau disque rend hommage aux compositeurs de cinéma des années 1940 et 1950 – Bernard Herrmann, compositeurs des films d'Hitchcock ou John Barry qui a signé ceux de la série James Bond notamment –, dont il convoque les paysages sonores riches et évocateurs. Avec Unfurl, Asaf Avidan nous fournit une bande-originale, à nous d’en inventer les images. 

Asaf Avidan sera à retrouver en concert à Lyon le 30 octobre, le 31 octobre à Metz, puis au Grand Rex à Paris les 4 et 5 novembre.

Asaf Avidan Unfurl (Telmavar Records) 2025

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