«Awda» de Zeyne: de la dabkeh du Levant aux pulsations du r'n'b
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C’est un premier album puissant que signe la chanteuse palestino-jordanienne Zeyne avec Awda, (« retour », en arabe). Un retour symbolique, personnel et collectif, porté par une musique à la croisée des mondes.

Dans Awda, la darbouka et les flûtes en roseau côtoient l'autotune et les sonorités r'n'b des années 2000, dans une fusion toute naturelle. À 27 ans, l’artiste originaire d’Amman, en Jordanie, revendique cette double appartenance musicale : celle de la modernité urbaine et celle, intemporelle, des traditions du Levant.
« Ma mère était la manageuse d’un groupe folklorique de dabkeh, une troupe de danse que j’ai rejointe dès mes cinq ans. J’ai grandi avec ces musiques pendant plus de quinze ans. Donc ça a un peu reprogrammé mon cerveau, c’est ancré en moi. Alors au moment de créer cet album, quand j’ai voulu écrire sur mon identité, ma culture et mon héritage, revenir à ces sons de dabkeh et aux mélodies traditionnelles s’est imposé naturellement. C’était la manière la plus authentique d’exprimer qui je suis », raconte Zeyne.
Fruit de deux années de travail, Awda réunit une équipe de producteurs venus d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. À travers ses 13 titres, Zeyne explore des thèmes universels : la nostalgie, la transmission, le chagrin, mais surtout la résilience et la force intérieure qui en découle. Le morceau « Asli Ana » aborde la difficulté, pour les Palestiniens et les Arabes, d’assumer pleinement leur identité face aux stéréotypes projetés sur eux. « Hilwa », lui, célèbre la beauté qui naît de la connaissance de soi et de la fierté de ses origines.
Un album pensé comme un livre
Chaque chanson d’Awda est un chapitre, et l’ensemble s’écoute comme un récit continu. Les transitions s’enchaînent avec fluidité, sans véritable fin, à l’image des cycles de la vie. Le seul featuring du disque, « 6 Il Sobh », réunit Zeyne et le chanteur égyptien Bayou pour une parenthèse plus calme, placée au cœur de l’album. Une respiration nécessaire avant la remontée, car Awda se déploie comme un cercle.
Les premiers morceaux évoquent la communauté, le milieu marque la perte et la chute, puis vient le retour à soi, symbolisé par le dernier titre, « Kollo Lena ». Ce morceau lumineux célèbre la joie et la résistance du peuple palestinien, porté par un rythme traditionnel de dabkeh enrichi des vibrations « chobi » venues d’Irak : un mélange à la fois festif et combatif.
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« C’était logique de terminer avec Kollo Lena, parce que la chanson parle de puiser de la force et de la résilience auprès de la communauté qui t’entoure quand tu ne te sens pas bien. Ces personnes te relèvent, et à la fin, tu comprends que ton identité te porte, sans même que tu t’en rendes compte. La chanson célèbre aussi l’esprit incassable des Palestiniens, des Jordaniens. Même quand nous avons peu, nous trouvons le moyen de créer de la joie, et je trouve ça magnifique. On l’a beaucoup vu ces deux dernières années : des gens qui trouvent la joie même dans les moments les plus dévastateurs. Et c’est très inspirant, car quand tu vois ça, tu te dis que toi aussi, tu peux tout affronter », explique la chanteuse.
Avec Awda, Zeyne signe un premier album puissant, sincère et ancré, où le retour aux racines devient un acte de création et de résistance.
Zeyne Awda (Mdlbeast Records) 2025
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