Les dessous de l'infox, la chronique

Mamans Louves: les dissimulations d’un mouvement complotiste

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Vaccination pour les 5-11 ans, port du masque à l’école, les enfants sont de plus en plus concernés par la lutte contre l’épidémie dans le monde. En France, le mouvement des Mamans Louves réclame l’ouverture d’un débat public sur la question. Un leurre qui dissimule une idéologie complotiste anti-vax et anti-masque.

Capture d'écran de la conversation Telegram des Mamans Louves.
Capture d'écran de la conversation Telegram des Mamans Louves. © Capture d'écran/Telegram/Montage RFI
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À première vue, les Mamans Louves apparaissent comme des mères inquiètes pour leurs enfants. Mais ce qu’elles craignent le plus, ce n’est pas le coronavirus mais les effets des mesures sanitaires. L’obligation du port du masque, qu’elle qualifie comme de la maltraitance, en est le parfait exemple. Leur première apparition remonte au jeudi 4 novembre. Elles manifestent alors à deux pas de l’Élysée avant de remettre une lettre à Emmanuel Macron réclamant l’ouverture d’un débat public sur le bien-être des enfants. Samedi 20 novembre, Journée internationale des droits de l’enfant, ces mamans s’apprêtent à mener une nouvelle action. Elles ciblent cette fois-ci, à travers le dépôt d’une lettre, les préfectures et mairies de France et comptent inonder les réseaux sociaux avec des photos et le #MamansLouves. 

« Nous attendons de vous que vous puissiez également faire reconnaître l’urgence de la situation et que vous le fassiez savoir à vos instances supérieures dans les plus brefs délais », extrait de la lettre des Mamans Louves aux préfets et maires.

En intégrant leur groupe de discussion sur la messagerie cryptée Telegram, on comprend rapidement que derrière le flou de leur revendication, se cache un discours complotiste. Et ce, malgré l’avertissement de la cheffe de file, Roxane Chafeï, qui demande aux membres de s’autocensurer : « En cas de médiatisation, une maman louve n’exprime pas de complotisme ni de parti politique ». Le but, c’est  de « franchir la barrière médiatique », en restant « modérée pour ne pas fâcher ». Vaccin expérimental et létal, masque dangereux ou manipulation des masses, les thèses complotistes sont au cœur des discussions de ce groupe qui réunit plus de 7 000 personnes sur Telegram, et plus de 10 000 sur Facebook. L’objectif, c’est de toucher un public toujours plus large avant de « monter en puissance ».

Capture d'écran de la conversation Telegram des Mamans Louves.
Capture d'écran de la conversation Telegram des Mamans Louves. © Capture d'écran/Telegram/Montage RFI

Il faut également se pencher sur le profil de Roxane Chafeï pour comprendre l’orientation du mouvement qu’elle dirige. Dans le film qu’elle a réalisé en 2021, intitulé Super-Héros, elle s’affiche notamment avec des figures de proue de la désinformation comme Louis Fouché du site Réinfocovid, l’ancien médecin Denis Agret ou encore l’ex figure des Gilets jaunes Gabin Formont. Ils ont en commun de s’opposer farouchement à toutes les mesures prises pour endiguer l’épidémie, contribuant au narratif d’un complot mondial visant au contrôle des populations. 

Roxane Chafeï apparaît aussi sur une vidéo YouTube avec Yannick Lescure, un militant politique déguisé en youtubeur cuisinier qui rêve d’instaurer le national socialisme en France. Fait intéressant et révélateur, seuls les médias visiblement à l’aise avec l’idéologie complotiste ont donné la parole à Roxane Chafeï. C’est le cas de Sud Radio, de Radio Courtoisie ou encore de RT France

Incitation à la déscolarisation

L’injonction légitime d’un débat sur les mesures qui touchent les enfants, dissimule en fait des théories défendues notamment par une ultra-droite conservatrice réfractaire à toute action de l’État en matière de santé et d’éducation. Le fait que l’on soit dans une situation d'exception provoquée par la pandémie de Covid-19 passe au second plan, quand elle n’est pas purement niée. Les infox partagées sur le masque ou la vaccination créent ainsi un climat de défiance vis-à-vis de l’Éducation nationale. Certaines mamans s’encouragent même à mettre la pression sur les chefs d’établissements. Le danger de ce type de discours, c’est l’incitation à la déscolarisation, au prétexte du respect de l’intégrité physique et psychologique des enfants. 

Pour mener leurs actions en minimisant les risques, les Mamans Louves s’appuient sur l’expertise d’avocats comme Carlo Alberto Brusa de Réaction 19, ou Fabrice Di Vizio proche de Louis Fouché et inconditionnel du docteur Didier Raoult. Pour autant, certaines publications du groupe relèvent explicitement du harcèlement, voire de la dénonciation calomnieuse.

Capture d'écran de la conversation Telegram des Mamans Louves.
Capture d'écran de la conversation Telegram des Mamans Louves. © Capture d'écran/Telegram/Montage RFI

Parmi les mamans de ce groupe, certaines ne sont sans doute pas conscientes des thèses qui sous tendent ce mouvement. En tous cas, l’émergence des Mamans Louves n’intervient pas au hasard. Elles tentent effectivement de s’immiscer dans le débat public à un moment charnière où l’Agence européenne des médicaments se penche sur la vaccination pour les 5-11 ans. 

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