Les faux graffitis contre Zelensky, le nouvel outil de la propagande russe
Publié le :
À en croire certains sur les réseaux sociaux, plusieurs graffitis moquant le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, seraient apparus un peu partout en Europe ces dernières semaines. En réalité, il s’agit d’une nouvelle manœuvre de la propagande russe, à coup de photos habilement truquées.

Volodymyr Zelensky aurait-il été caricaturé en cafard en train de grignoter l’Union européenne sur les pavés d’une rue madrilène ? C’est en tout cas ce que veut faire croire une photo partagée par l’ambassade de Russie en Espagne et par plusieurs internautes sur les réseaux sociaux ces derniers jours. Ils affirment que cette peinture aurait été réalisée par un groupe d'artistes de rue polonais.

Une photo truquée
En réalité, ce graffiti n’a jamais existé. Hormis cette unique photo qui circule, il n’y a aucune trace de cette peinture, que ce soit en ligne ou dans les médias espagnols. Grâce aux indices présents sur ce cliché, il est possible d’identifier l’endroit exact où aurait été réalisée cette peinture, soit au 9 Plaza de las Cortes, dans le centre de Madrid (aux coordonnées géographiques suivantes : 40.415552,-3.696683).

Nous avons contacté un commerce situé juste devant l’emplacement de ce supposé graffiti. Le personnel, qui passe tous les jours à cet endroit, nous a assuré qu’il ne l’avait jamais vu et qu’il n’en avait jamais entendu parler. Il s’agit donc d’une photo truquée.
Des cas similaires aux quatre coins de l’Europe
Cette technique du faux graffiti n'a pas été utilisée qu'en Espagne. Le dernier exemple en date concerne la France, et plus précisément la banlieue parisienne. Cette fois-ci, c’est une peinture de Volodymyr Zelensky, représenté comme un trou noir qui absorbe l’argent des européens, qui serait apparue devant la bouche de métro de la station Saint-Mandé, à l’est de Paris.

Nos confrères des Observateurs de France 24 ont mené l’enquête. Encore une fois, aucune trace de ce graffiti n’a été retrouvée. La mairie et les riverains affirment qu’il n’a jamais existé et une analyse de la photo révèle des manipulations dans l’image.
Trois semaines avant, c’est à Varsovie, en Pologne, qu’une peinture similaire avait été mise en avant sur les réseaux sociaux. Mais là encore, personne ne l’a jamais vue.

Une campagne de désinformation bien huilée
En comparant les cas espagnols, français et polonais, on remarque une stratégie de diffusion similaire. À chaque fois, la photo du graffiti apparaît dans un premier temps sur un compte Instagram qui se présente comme le profil d’un groupe d’artistes polonais totalement inconnu. Bizarrement, elle est toujours supprimée quelques jours après sa publication, avant de laisser place à un nouveau cliché.
Cette photo est ensuite partagée en ligne par les traditionnels relais de la propagande russe, notamment par le propagandiste en chef du Kremlin, l’animateur télé Vladimir Soloviev, sur son compte Telegram suivi par plus d’un million d’abonnés. En se penchant sur les images, on constate rapidement qu’elles sont de même facture.

Il y a toujours la même composition : une rue passante prise dans un plan large, un artiste en train de terminer son graffiti et un passant qui l’observe. Le graphisme des peintures est aussi similaire. Le montage est habile, il est donc facile de se faire avoir.
Faire croire à l'effritement du soutien occidental
Ces infox visent à faire croire, à tort, que le soutien des Européens envers l’Ukraine s’affaiblit fortement, voire qu’il est inexistant.Selon le dernier sondage Eurobaromètre, la grande majorité des Européens approuvent le soutien de l'Union européenne à l'Ukraine.
Cette propagande touche tout le monde mais elle s’adresse surtout aux Russes, que Vladimir Poutine cherche à convaincre du bien fondé de sa guerre.
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne