Suite de notre série sur les ports du monde qui nous emmène aujourd’hui au Sénégal. Situé à l’extrême ouest du continent africain, le pays est historiquement tourné vers l’océan. Le port de Dakar, créé 1865, n’a cessé de se transformer, mais il est aujourd’hui congestionné. Une partie de ses activités sera prochainement transférée au nouveau port en eaux profondes de Ndayane.
De notre correspondante à Dakar,
Embarquement dans la chaloupe direction Gorée. L’histoire du port de Dakar est intimement liée à celle de cette île au large de la capitale. Seydou Touré, coordonnateur de la cellule « communication stratégique » du Port Autonome de Dakar : « Le développement commercial était installé au niveau de Gorée, notamment à partir de 1354. Mais après, on a compris qu'il fallait avoir un pied sur les terre-pleins, et puis les messageries impériales ont compris, aussi. En janvier 1865 déjà, on a reçu le premier bateau avec 300 tonnes de charbon. Et tout est parti de là. »
Le port, en plein cœur du centre historique de la capitale, s’est alors progressivement développé, notamment avec le chemin de fer Dakar/Niger, inauguré en 1924, et le commerce de l’arachide. « 157 ans d'existence, 157 ans de mutation. Les premiers quais qui sont dans cette zone Sud ont été conçus dans les années 1863. Ils sont montés en puissance au début des années 1980 pour le port de pêche, le terminal à conteneurs ainsi que la zone des hydrocarbures, explique Momar Ngary Ba, directeur de la stratégie et de la transformation du Port Autonome de Dakar. Elles ont été développées dans la dernière décennie des années 2000. À mon avis, et ce n'est pas parce que je suis portuaire que je le dis, c'est le port qui a cristallisé tous ces développements. À l'origine, il y avait juste une anse qui était là, et après les gens, grâce aux activités, à l'employabilité, à l'attractivité qu'exerce le port, ont fait qu'un tissu s'est développé. »
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Le port ne s’arrête jamais, il tourne 24h/24h. Ces dernières années, la direction a mis l’accent sur les cadences de chargement et déchargement des navires. Amadou Racine Dia, responsable de l’exploitation : « La manutention est très importante, parce que si elle est lente, elle engendre une congestion maritime, et il y aura une attente des navires au niveau de la rame extérieure. Il y aura également une congestion terrestre, beaucoup plus de camions au niveau de la ville. Voilà, il faut aller vite. »
95% du commerce extérieur du Sénégal transite par le Port Autonome de Dakar. C’est aussi la porte d’entrée du commerce extérieur du Mali. Papa Ibrahima Sow, directeur commercial, client du port : « Avec des parts de marché d'environ 70%, pratiquement toutes les importations maliennes passent par le port de Dakar. Les accords entre le Sénégal et le Mali donnent droit au Mali à un quai où ils ont une priorité d'accostage avec des avantages tarifaires extrêmement importants. Au-delà de tout, les Maliens sont nos frères, d'autant plus qu'ils n'ont pas de façade maritime. »
Mais 157 ans après sa création, le port de Dakar étouffe. D’où la création du futur port en eaux profondes de Ndayane, à 70 km au sud de la capitale, qui sera adossé à une zone économique spéciale. Le chantier a été lancé en janvier dernier. Le port historique va donc changer de visage : « Quand le port de Ndayane sera en fonction, il y aura bien entendu un transfert de certaines activités, explique Momar Ngary Ba. Forcément, nous allons améliorer la relation et l'intégration entre la ville et le port. Nous allons en faire un port hybride, une partie dans la ville avec tout ce qui se fait en termes de waterfront, d'immobilier, de plaisance et d'attractivité, mais l'essentiel du trafic développé sur Ndayane et va permettre de valoriser le foncier. Vous vous rendez compte que vous êtes à un jet d'oiseau du Palais présidentiel, idem pour la Place de l'Indépendance ! »
Objectif pour le président Macky Sall : faire de Ndayane le « plus grand port de l’Afrique de l’Ouest ».
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