Politique, le choix de la semaine

Quoi qu'il en coûte, jusqu'à quand?

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C'est l'une des promesses d'Emmanuel Macron face au Covid-19 : protéger les Français « quoi qu'il en coûte ». Le chef de l'État s'y était engagé lors du premier confinement. Près d'un an plus tard, et alors qu'un 3e confinement est attendu, combien de temps encore l'État va-t-il assurer ce bouclier économique ? 

Le Président de la République française, Emmanuel Macron, lors de son allocution télévisée du 31 décembre 2020. (Illustration)
Le Président de la République française, Emmanuel Macron, lors de son allocution télévisée du 31 décembre 2020. (Illustration) AFP - STEPHANE DE SAKUTIN
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Le « quoi qu'il en coûte » a déjà coûté 44 milliards d'euros en aides d'urgence au gouvernement. Il faut ajouter 9 milliards pour le plan de relance en 2020 et 37 milliards de manque à gagner en rentrées fiscales. L'addition devient vertigineuse si on regarde le déficit de l'État : 178 milliards d'euros. Il faut remonter à la Seconde Guerre mondiale pour retrouver un tel niveau d'endettement. Les voyants au ministère de l'Économie sont dans le rouge. Le prix à payer pour affronter une crise sanitaire inédite en France.

Un tabou vole en éclats

Le ministre des Comptes publics a brisé un tabou la semaine dernière. Pour Olivier Dussopt, le « quoi qu'il en coûte doit s'arrêter en 2021 ». Des propos chocs alors que l'État tient à bout de bras l'économie à coup d'aides directes et de réductions d'impôts. Le gouvernement est sorti en bloc pour éteindre l'incendie. « Le quoi qu'il en coûte durera aussi longtemps que nécessaire », a rassuré la ministre du Travail Élisabeth Borne. Son collègue à l'Économie Bruno Le Maire a promis lui un soutien « total » à l'économie « tant que la pandémie sera là ».

OIivier Dussopt a parlé trop vite

Le ministre des Comptes publics, qui tient les cordons de la bourse du pays, a peut-être seulement parlé trop vite. La question de l'arrêt des aides se posera bien un jour. La fin du « quoi qu'il en coûte » est déjà anticipée à Bercy mais pas seulement. Une ministre a déjà un scénario assez précis du monde d'après. Elle envisage une sortie très progressive, adaptée en fonction de chaque secteur. Concrètement, les aides aux restaurants cesseraient après leurs réouvertures alors que le chômage partiel continuerait tant que l'économie ne sera pas repartie. « Ce sera du cousu main », promet une ministre.

Risqué socialement et politiquement

Au gouvernement et dans la majorité, certains craignent l'après-Covid et l'arrêt des aides. « Les plaies des blessures économiques ne sont pas encore ouvertes », s'inquiète un ancien ministre. Le pire serait peut-être à venir. « Il ne faudra pas débrancher la perfusion trop vite », met en garde un député marcheur. Pour lui, le plan d'aides massif de l'État, c'est d'ailleurs ce qui permet d'éviter des manifestations contre les confinements. La convalescence de l'économie française s'annonce longue : le « quoi qu'il en coûte » va sans doute rester la règle cette année encore. Surtout qu'à l'approche de la présidentielle de 2022, Emmanuel Macron hésitera peut-être à fermer les vannes, avec le risque d'alimenter la colère d'une partie de la population. Aujourd'hui, 6 Français sur 10 ne font pas confiance au chef de l'État pour gérer cette crise.

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