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Primaire écologiste: un essai à transformer

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C'est ce samedi 25 septembre que débute - et pour 4 jours - le vote pour le second tour de la primaire des écologistes en France. Il oppose l’eurodéputé Yannick Jadot à celle qui a créé la surprise, l’universitaire Sandrine Rousseau. Moins de 3000 voix d'écarts les séparaient au premier tour. Quelqu'en soit le résultat, avec ces 122 000 inscrits et ces débats de qualité, cette primaire est une réussite pour les écologistes. Mais, pour eux, le plus dur commence.

Les deux finalistes de la primaire d'Europe Écologie-Les Verts, Yannick Jadot et Sandrine Rousseau, lors d'un débat sur LCI, à Paris le 22 septembre 2021.
Les deux finalistes de la primaire d'Europe Écologie-Les Verts, Yannick Jadot et Sandrine Rousseau, lors d'un débat sur LCI, à Paris le 22 septembre 2021. © AFP - STEPHANE DE SAKUTIN
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Cette primaire est un succès d’abord parce que les débats ont permis une réelle confrontation de points de vue et de lignes. On a assisté à une opposition de fonds entre une écologie de gouvernement porté par Yannick Jadot et une écologie de rupture portée par Sandrine Rousseau. On a parlé décroissance, écoféminisme, « démobilité », bien-être animal, fiscalité écologique. Cela a suscité des critiques parfois virulentes de la droite et de l'extrême droite contre Sandrine Rousseau mais les écologistes ont pour une fois imposé leurs thèmes. Ces échanges ont donné de l’air à un débat public français recroquevillé sur les questions identitaires.

C'est un succès aussi parce que les écolos ont réussi à rassembler au-delà de leur – petite - base militante. 12 000 votants au premier tour de la primaire de 2016. 106 000 cette année. Il y a eu un engouement. Qu’il faut toutefois relativiser avec les millions de votants des primaires de la gauche et de la droite il y a 5 ans. Mais justement, cette année le Parti socialiste (PS) et Les Républicains (LR) sont à la peine, ils refusent d’en passer par une primaire, les écologistes peuvent donc s’enorgueillir de leur processus de désignation.

Le défi du rassemblement

Encore faudra-t-il faire fructifier cet avantage. Et c’est là que les choses se compliquent. Comment se rassembler après s’être affronté (c’est le revers de la médaille de toute primaire) ? Comment opérer la synthèse entre l’écologie pragmatique de Jadot et celle plus radicale de Rousseau ? Autre enjeu : comment faire pour que le soufflet ne retombe pas ? Pour conserver cet « effet primaire » ? Le parti écologiste a prévu la suite : la création prochaine d’un mouvement politique auquel il sera facile d’adhérer. L’idée – explique un cadre d'EELV - c’est de dépasser le petit parti Europe écologie - les Verts et continuer à agréger. 

Autre défi pour les écologistes : comment faire pour s'imposer face aux autres rivaux de gauche ? Là les choses se compliquent encore plus ! Ces dernières années, les écolos ont le vent en poupe : 3e place aux européennes, victoire aux municipales dans plusieurs grandes villes (Lyon, Bordeaux, Strasbourg, etc.). Les Verts sont désormais ambitieux : ils veulent gouverner et ils veulent être la force centrale de la gauche. Mais en ont-ils les moyens ? Cette primaire ne suffira pas à prendre l'ascendant à gauche. Et en fonction du profil du vainqueur, le rapport de force ne sera pas le même : Jadot - le pragmatique – gênera les socialistes, Rousseau – la radicale – empiétera sur le créneau de l’insoumis Jean-Luc Mélenchon. À gauche, tout le monde scrute donc ce duel et fait ses calculs. En attendant, bien malin celui qui pourrait dire qui remportera ce second tour mardi soir. « Je ne parierai même pas un café sur le vainqueur ! » s'amuse l’un des cadres d'EELV.

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