Politique, le choix de la semaine

À droite, le spectre de l'implosion

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Désormais 4e ou 5e dans les sondages, la candidate LR Valérie Pécresse voit s’éloigner la perspective de se qualifier au second tour. Et cela mine le moral des élus à droite. Au point que beaucoup de parlementaires pensent déjà à l’après : les législatives en juin, mais aussi l’avenir de leur parti.

De gauche à droite: le député Eric Ciotti, le président du groupe LR au Sénat Bruno Retailleau et le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand, lors de la présentation du programme de la candidate Valérie Pécresse. Paris, le 14 mars 2022.
De gauche à droite: le député Eric Ciotti, le président du groupe LR au Sénat Bruno Retailleau et le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand, lors de la présentation du programme de la candidate Valérie Pécresse. Paris, le 14 mars 2022. AFP - THOMAS COEX
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Impression de gâchis, frustration, incompréhension. Les parlementaires LR font grise mine et ne s’en cachent plus. « Depuis le Zénith, tout est regardé à l’aune de la forme et pas du fond, ça me révolte », déplore une député. Problème d'incarnation, manque de sincérité sur la ligne politique, Valérie Pécresse paye aussi sa trop grande similitude avec Emmanuel Macron, d'après eux. Enfin, la guerre en Ukraine occupe tout l'espace et les deux favoris, Marine Le Pen et Emmanuel Macron, refusent de débattre.

Résultat : nombre de parlementaires pensent aux législatives de juin, voire lorgnent la majorité

Le premier à l’avoir dit haut et fort, c’est le sarkozyste Guillaume Larrivé qui, dans Le Point, a appelé la droite à construire « une nouvelle majorité » avec Emmanuel Macron. S’il est réélu, l’actuel président aura probablement besoin d’élargir son camp au Parlement.

Selon un ministre cité par l’hebdomadaire, ils seraient entre 30 et 60 députés, des 100 du groupe LR à l’assemblée, prêts à sauter le pas. Et ils pourraient s’arrimer via le parti de l’ancien Premier ministre Édouard Philippe, que Macron a pris à la droite en 2017. « Des chefs de fédérations LR appellent Horizons pour dire qu’ils arrivent, ça s’accélère, on verra si ça se concrétise », assure un dirigeant de la majorité présidentielle.

« Oui, certains branlent du manche », concède un maire dans l’équipe de Valérie Pécresse. L'édile pense toutefois qu'il n'y aura pas de place pour tout le monde. Ce député LR, lui, en est sûr : « Si Pécresse n’est pas au second tour, ça va être un Koh Lanta géant chez les députés de droite ».

Une autre question est aussi dans toutes les têtes : qui pour reprendre le parti Les Républicains ?

La succession est ouverte car l’actuel patron Christian Jacob quittera ses fonctions après les législatives de juin. Et si Valérie Pécresse n’est pas au second tour, « c’est l’explosion de notre famille politique », prédit une sénatrice. Il y a fort à parier en effet que le mariage de raison entre la ligne nationaliste identitaire et la ligne libérale pro-européenne volera en éclats.

La droite bruisse déjà des prémices d’une recomposition autour de Laurent Wauquiez et Éric Ciotti, figures de LR qui flirtent avec l’extrême droite, et pourraient tendre la main aux électeurs d’Éric Zemmour. L’autre camp au sein de LR pourrait, lui, rejoindre Emmanuel Macron.

C'est la performance de Valérie Pécresse lors du premier tour le 10 avril qui déterminera en premier lieu l'ampleur de la déflagration.

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