Les partis politiques face aux violences sexuelles
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La droite, le camp d'Emmanuel Macron et la gauche de Jean-Luc Mélenchon ont été secoués ces dernières semaines par des affaires, présumées ou confirmées, de violences faites aux femmes. Damien Abad, Jérôme Peyrat, Taha Bouhafs... Tous ces cas renvoient à une question clé : que font les partis politiques face aux violences sexuelles et sexistes ?

Force est de constater que les partis politiques peuvent mieux faire en matière de gestion des cas de violences sexuelles et sexistes. Ils ne réagissent souvent que lorsqu'ils sont confrontés à la polémique et à la pression médiatique.
Les plus avancés sont les écologistes. Et pour cause, Europe Écologie-Les Verts a vécu un séisme en 2016 avec l'affaire Baupin. Le député et vice-président de l'Assemblée nationale, Denis Baupin, a été mis en cause par plus d'une dizaine de femmes de son parti pour des faits de harcèlement et d'agression sexuelle sur près de 15 ans. La justice a classé sans suite pour prescription, mais elle a corroboré ces accusations.
Depuis, pour lutter contre la loi du silence, les Verts se sont dotés d'un organe d'écoute, et surtout d'un organe d'enquête. Du côté de La France insoumise, une commission dédiée au recueil des témoignages existe, elle est composée uniquement de femmes. En une grosse année, ces instances ont traité chacune une dizaine de signalements. Quant aux socialistes, secoués par une affaire à Paris, une commission similaire est en cours de création pour mettre fin au traitement au cas par cas.
À La République en marche, il existe une plateforme spécifique destinée aux salariés et adhérents du parti mais un seul signalement a été traité depuis sa mise en place il y a deux ans. Quant à la droite, elle n'a aucun organe dédié. C'est le secrétaire général du parti, Aurélien Pradié, qui se charge de ces questions. Trois cas lui sont remontés, dont celui de l'ex-président des Jeunes LR, écarté après des accusations d'agression sexuelle dont il a finalement été blanchi.
« Ce n'est pas parce qu'il y a une instance spécifique que ça se passe mieux, c'est la justice et la police qui doivent pouvoir mieux recueillir la parole des femmes », justifie le député LR Pierre-Henri Dumont. Même positionnement au Rassemblement National, c'est la hiérarchie qui gère ces questions.
Exemplarité
Les partis politiques peuvent-ils se substituer à la justice ? Évidemment que non, la justice doit faire son travail. Mais il y a aussi un devoir d'exemplarité pour les politiques. L'expérience a aussi démontré que l'existence d'organes dédiés, indépendants, dont on connaît la composition et le fonctionnement, et constitués de personnalités formées, facilite la prise de parole des victimes.
L'élue LR de Paris, Nelly Garnier, active sur ces questions, prône par exemple la création de commissions transpartisanes dans toutes les assemblées politiques, au niveau national et local. L'Église catholique l'a fait pour la pédocriminalité. Et les entreprises évoluent de plus en plus face à leur obligation de prévention et d'action en cas de violence de genre. Alors pourquoi pas les partis politiques ?
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