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France: le départ d'Emmanuel Macron, un scénario politique qui prend racine

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Emmanuel Macron a beau faire savoir qu'il n'abandonnera jamais son mandat avant sa fin, le scénario d'un départ anticipé se fait de plus en plus sonore. Limité aux seuls membre de La France insoumise il y a encore quelques mois, l'appel à démission du chef de l'État est désormais de plus en plus repris des deux côtés du spectre politique.  

Le président français Emmanuel Macron assiste à la cérémonie de signature du livre d'or de Sarrebruck, le jour des célébrations marquant le 35e anniversaire de la réunification allemande, à Sarrebruck, en Allemagne, le 3 octobre 2025.
Le président français Emmanuel Macron assiste à la cérémonie de signature du livre d'or de Sarrebruck, le jour des célébrations marquant le 35e anniversaire de la réunification allemande, à Sarrebruck, en Allemagne, le 3 octobre 2025. REUTERS - Heiko Becker
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Diluée dans les multiples rebondissements politiques des derniers jours, la déclaration n'a sans doute pas eu le retentissement attendu. Mais quand, mardi 7 octobre, Édouard Philippe prend la parole sur RTL au lendemain de la démission surprise de Sébastien Lecornu, c'est pour demander à Emmanuel Macron de partir « de façon ordonnée et digne ». Objectif : mettre fin à la crise politique en cours depuis la dissolution de l'été 2024. « Un choix de convenance » du président, selon le premier des huit premiers ministres de l'ère macroniste.

Édouard Philippe préconise au chef de l'État une démission après l'adoption du budget 2026. C'est la première fois qu'un baron du bloc central envisage publiquement une telle issue. Si rapidement, la proposition a été traitée par le mépris du côté des derniers fidèles d'Emmanuel Macron, dénonçant les propres ambitions présidentielles d'Édouard Philippe, le choc n'en reste pas moins immense.

Jusque-là, la petite musique du départ anticipé venait surtout de Jean-Luc Mélenchon

Depuis plus d'un an maintenant, les insoumis jugent cette issue inévitable. Quelques jours seulement après les législatives anticipées de 2024, un haut dirigeant de LFI estimait que le sujet de la démission ou destitution ne ferait que monter. « On est juste les premiers à le dire », souriait-il. D'où l'accueil très « positif » des déclarations d'Édouard Philippe.

Jean-Luc Mélenchon a d'ailleurs repris, vendredi 10 octobre, le terme de « présidentielle anticipée ». Le leader insoumis estime toujours qu'une nouvelle dissolution donnerait la même Assemblée nationale, et que donc seul un départ du chef de l'État peut remettre les compteurs à zéro.

Mais il acte aussi l'échec de la voie institutionnelle, les insoumis avaient déposé deux motions de destitution, sans succès. Reste que l'objectif premier est accompli : celui de placer dans l'atmosphère l'idée du départ anticipé du président. 

D'autres mouvements politiques reprennent désormais l'hypothèse du départ d'Emmanuel Macron

Le Rassemblement national, notamment, plaide pour un départ du président de la République, même si l'inéligibilité de Marine Le Pen en fait forcément un plan B. Le RN pousse en priorité pour une dissolution, espérant emporter une majorité en cas de retour aux urnes. Mais l'hypothèse d'un départ anticipé d'Emmanuel Macron fait désormais partie des éléments de langage du mouvement d'extrême droite.

À gauche, une trentaine de députés écologistes et communistes a signé la dernière motion de destitution des insoumis. Et les deux partis pourraient basculer définitivement si la crise politique se poursuit. Enfin, des voix s'élèvent aussi à droite et au centre, à l'image du président de la région Normandie Hervé Morin, qui avait rejoint le camp de l'appel à la démission dès le mois de septembre.

Toutes et tous se justifient par le blocage des institutions depuis un an, mais aussi par l'impopularité croissante d'Emmanuel Macron. Selon un sondage publié mercredi par RTL, 73% des Français se déclarent plutôt, ou tout à fait favorables, à la démission du président.

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