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Examen du Budget sans 49.3: vraie révolution ou «comédie»?

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Direction l’Assemblée nationale dans la chronique politique. L’Assemblée, où depuis la semaine dernière, les députés se retrouvent dans une situation inédite. Ils examinent le projet de budget 2026 — jusque-là, rien de bien nouveau ! — Sauf qu’ils ont en tête la promesse du Premier ministre : ne pas recourir à l’article 49.3. 

Le premier ministre Sébastien Lecornu s'adresse aux députés à l'Assemblée nationale, le 14 octobre 2025. (Image d'illustration)
Le premier ministre Sébastien Lecornu s'adresse aux députés à l'Assemblée nationale, le 14 octobre 2025. (Image d'illustration) AFP - THOMAS SAMSON
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L'abandon du 49.3, un engagement pris « pour garantir que le débat vivra et ira jusqu’au vote » avait défendu Sébastien Lecornu lors de son Discours de politique générale. Un engagement pris aussi pour éviter la censure du Parti socialiste.

Le pouvoir de retour au Parlement ? 

Le Premier ministre avait alors utilisé le mot « rupture ». Les débats ont commencé il y a plusieurs jours, est-ce que cela a vraiment transformé les échanges ? Ce qui est sûr, c’est qu’on n’avait pas vu autant de députés dans l’hémicycle pour un débat budgétaire depuis plusieurs années. Et il y a, ici ou là, un certain enthousiasme.

Pour une élue du PS, « Cette situation rend les débats plus dynamiques et les masques tombent », chaque parti étant davantage amené à se positionner sur chaque sujet en votant.  « L’abandon du 49.3 redonne du pouvoir au Parlement », reconnaît aussi un élu MoDem. On trouve également de l’enthousiasme du côté de l’Élysée. Un proche du président l’affirme : « Après des mois d’invectives, le sérieux est de retour dans l’hémicycle. »

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« Des dérapages dans tous les sens »

Mais toute la classe politique ne partage pas cette « positive attitude », comme la droite et le centre droit, par exemple. Il faut dire que, ces derniers jours, une taxe sur les multinationales, qui rapporterait 26 milliards d’euros, a été votée : un véritable cauchemar fiscal pour ce côté-là de l’hémicycle. « Les débats sont intéressants, mais il y a des dérapages dans tous les sens », résume un élu Horizons.

« Cet abandon du 49.3 ne change pas fondamentalement les choses », m’explique, de son côté, un élu LR, qui voit surtout en ce moment une « mainmise du PS sur le budget ». Avant de conclure : « Si ça continue comme ça, je ne vois pas comment on peut adopter un projet de loi qui tienne la route. » Un propos qui donne du grain à moudre à La France insoumise et au Rassemblement national.

Le parti de la gauche radicale et celui d’extrême droite attaquent en effet frontalement cette nouvelle configuration. « Cet examen va finir en budget Frankenstein », tacle LFI. « On assiste à une comédie parlementaire », dixit le Rassemblement national. En fait, les deux partis pensent que le budget ne sera pas voté et que le gouvernement finira par le faire passer par ordonnances. Un député du bloc central analyse : « Les forces politiques modérées débattent en responsabilité… et ça démonétise les extrêmes, qui veulent radicaliser les positions de chacun. »

À ce stade des débats, en tout cas, le gouvernement se défend vivement de vouloir utiliser les ordonnances.

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