Politique, le choix de la semaine

Retraites: la suspension qui fait mal au camp Macron

Publié le :

Sébastien Lecornu a finalement réussi à échapper à la censure au prix d'une concession majeure, la suspension de la réforme des retraites que le Parti socialiste réclamait pour l'épargner. Cette décision fait mal au bloc central et divise les macronistes.

Sébastien Lecornu a dû sacrifier le dossier sur la réforme des retraites (Image d'illustration).
Sébastien Lecornu a dû sacrifier le dossier sur la réforme des retraites (Image d'illustration). © Benoit Tessier / Reuters
Publicité

Il y a ceux qui comprennent et ceux qui vivent le choix de céder aux exigences du PS comme le renoncement ultime. La réforme des retraites, c'était, en effet, la seule réforme structurelle dont pouvaient se vanter les macronistes, un totem autour duquel ils montaient la garde. Et puis Sébastien Lecornu a utilisé la « carte blanche » qu'Emmanuel Macron lui avait donné, il a abattu son seul atout pour éviter la censure, la dissolution et le retour aux urnes qui promettait un désastre aux députés du bloc central, sacrifiant sur l'autel de la stabilité politique, le réalisme budgétaire jusque-là invoqué pour justifier les efforts demandés aux Français. De quoi hérisser les pourfendeurs des déficits. Un macroniste historique s'étouffe en en parlant : « Cette suspension évite la dissolution, fait gagner trois mois, mais combien on perd à terme en image de la France et vis-à-vis des prêteurs », sous-entendu ça va coûter cher en point d'intérêt sur la dette.

À lire aussiFrance: retraites, fiscalité, censure… ce qu’il faut retenir du discours de politique générale de Lecornu

« Une grosse bêtise de renvoyer le débat à 2027 »

Et il y a aussi une autre crainte qui s'exprime, que le débat sur les retraites vampirise à nouveau l'élection présidentielle de 2027. Car la réforme des retraites est en effet suspendue jusqu'à janvier 2028. Et si aucun accord n'est possible à l'issue de la conférence avec les partenaires sociaux annoncée par le Premier ministre, la question des retraites sera forcément au cœur de la prochaine campagne présidentielle et de la bataille entre les potentiels candidats du bloc central. Notamment entre Edouard Philippe qui veut repousser l'âge de départ et Gabriel Attal qui défend la retraite à points. Attention danger, s'inquiète un observateur syndical : « C'est une grosse bêtise de renvoyer le débat à 2027, ça dira que le pays est embourbé » et poursuit-il, ça profitera au Rassemblement national.

« Le président ne veut à aucun prix de la dissolution »

Pourquoi, dans ce contexte, Emmanuel Macron a-t-il laissé Sébastien Lecornu sacrifier cette réforme ? Il n'avait plus le choix. « C'est la preuve que le président ne veut à aucun prix de la dissolution », explique un parlementaire Renaissance qui pense qu'Emmanuel Macron a envisagé le scénario catastrophe, celui d'une nouvelle législative où le RN n'aurait pas la majorité absolue et refuserait d'aller à Matignon, ne lui laissant plus d'autre solution que la démission. Une extrémité à laquelle il ne veut pas arriver. Mieux valait alors lâcher sur les retraites, quitte à fâcher son camp et à devoir faire lui-même le service après-vente auprès des députés lors d'une réunion à l'Élysée.

À lire aussiFrance : « La dissolution créerait du chaos sur le chaos », avertit François Patriat, sénateur RDPI

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes