Les puits de carbone, c'est quoi et à quoi ça sert?
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Alors que la COP28 bat son plein à Dubaï, votre chronique Environnement s’intéresse à ce qu’on appelle « les puits de carbone ». Ce sont les sols, les végétaux, comme les forêts par exemple, mais aussi les océans qui naturellement absorbent le gaz carbonique. Nous comptons sur eux pour nous aider à lutter contre le réchauffement de la planète que nous avons causé, mais pas sûr qu’ils soient encore longtemps en forme.

Les puits de carbone sont fondamentaux. Sans eux nous serions déjà à plus de deux degrés de réchauffement sur la planète par rapport à l’ère préindustrielle. Le Global Carbon Project, un réseau international de scientifiques, publie ce mardi son bilan annuel des émissions de gaz carbonique à l’échelle mondiale. Et la bonne nouvelle, c’est que les puits terrestres et océaniques de carbone - c'est-à-dire les sols, les forêts et l’océan - continuent d'absorber environ la moitié de nos émissions de CO2 qui causent le réchauffement.
Mais le changement climatique menace ce rôle crucial. La capacité des sols et de la végétation à absorber le carbone baisse depuis dix ans parce que les sécheresses, les feux, les tempêtes attaquent les arbres notamment. À titre d'exemple, les méga feux au Canada en 2023 ont libéré l’équivalent d’un milliard de tonnes de CO2, c'est trois fois et demi les émissions annuelles de la France.
« C'est un point de vigilance, et même d'inquiétude », souligne Philippe Ciais, chercheur au Laboratoire des Sciences du Climat et de l'Environnement et membre du Global Carbon Project. « Si on a ce genre de feux extrêmes qui se produit chaque année, on aura forcément un affaiblissement de la quantité de carbone qui est stockée à l'échelle planétaire par la végétation et par les sols ».
Les tempêtes, plus dévastatrices en France
Les tempêtes mettent aussi à mal la capacité des sols et de la végétation à capter le carbone. En France notamment, les grandes tempêtes de 1999 et 2009 ont été beaucoup plus dévastatrices que les incendies de l’an dernier, explique le chercheur. « Les tempêtes ont causé un accroissement de la mortalité des arbres de près de 600 %, alors que les feux, même pour l'année 2022 qui était vraiment un extrême, c'est une mortalité supplémentaire de seulement 20 % ». En effet, les tempêtes font tomber des arbres en entier alors que les feux ne brûlent pas forcément la totalité de l'arbre.
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Dans les mois à venir, les scientifiques vont aussi scruter l’effet de El Niño sur ces puits de carbone car ce phénomène climatique qui prend sa source dans le Pacifique fait augmenter encore plus les températures et assèche certaines zones de la planète. « 2024 va être une année à suivre en détails pour comprendre si la végétation soumise à ce double stress - d'un réchauffement climatique important et d'un El Niño qui arrive en plus - va pouvoir continuer à résister en termes de puits de carbone ».
En conclusion, la suite est entre nos mains. Plus on agit pour effectivement réduire nos émissions de carbone en réduisant notre usage des énergies fossiles (gaz, charbon et pétrole), plus on aura d’alliés naturels en bonne santé — les océans, les forêts, les sols – pour nous aider dans cette bataille.
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