La Suède autorise dès aujourd'hui les consommateurs à jeter à la poubelle leurs vieux vêtements, car la filière de recyclage est saturée en raison de l'essor de la fast fashion. La surproduction textile encourage la surconsommation et alimente les décharges.
La France innove, pour tenter de combattre la pollution textile, avec l’entrée en vigueur ce mercredi 1er octobre d’un nouvel étiquetage sur les vêtements pour informer sur l'impact environnemental du tee-shirt ou du pantalon qu'on achète, dans le but de freiner une consommation effrénée.
Quelque 100 milliards de pièces sont vendues chaque année dans le monde – un poids environnemental aussi fort que l'aviation. L’étiquetage mis en place uniquement en France est une avancée pour l'information des consommateurs, mais il reste au bon vouloir des marques. Et encore faut-il que le consommateur en tienne compte.
Car le consommateur consomme, et de plus en plus. En France, le marché textile a explosé, plus 40% en 10 ans, selon l’association Zero Waste, qui milite, comme son nom l'indique, pour le zéro déchet. C'est désormais le règne de l'ultra fast fashion, la production de vêtements à faible coût, en grande quantité et presque en temps réel. Avec une enseigne emblématique, Shein, qui propose 1000 nouvelles références chaque jour. Quand la surproduction engendre la surconsommation.
« Si on veut résister à cette consommation permanente, il faut vraiment avoir une forte volonté, parce qu’il y a du marketing, de la publicité, des promotions permanentes. Il y a vingt ans, on n’avait que quatre collections par an (printemps, été, automne, hiver), aujourd’hui des marques font 52 collections par an », souligne Pauline Debrabandère, chargée de plaidoyer pour l'association Zero Waste.
À lire aussiÉco-score textile: le coût environnemental des vêtements arrive sur les étiquettes en France
Du dressing à la poubelle
L'ultra fast fashion a conquis la planète, et l'a polluée. La mode rapide, c'est rapide, et ça se jette rapidement. Les filières de collecte croulent sous les vêtements. À tel point qu'à partir d'aujourd'hui, la Suède, pourtant à l'avant-garde écologique, autorise les citoyens à jeter leurs vêtements à la poubelle.
Toutes les études le disent : se débarrasser d'un vêtement qu’on a porté moins de dix fois est désormais la règle. Les marques détruisent même des vêtements qui n'ont jamais été vendus. Selon l'Agence européenne de l'environnement, près de 90% des vêtements dont se débarrassent les Européens sont jetés à la poubelle et incinérés.
Ceux qui échappent à la benne à ordure sont dirigés soit vers le marché de la seconde main (le vêtement d'occasion), soit le recyclage. D’où l’importance, par exemple, de ne pas jeter nos vieux jeans à la poubelle. « S’il est en bon état, on va le proposer à la vente dans nos boutiques, explique Emmanuel Pilloy, le président du Relais, la principale entreprise de collecte de vieux vêtements en France. S’il est craqué, il ne faut surtout pas le jeter à la poubelle. Il a une deuxième vie possible dans la toiture de votre maison ; on va transformer cette fibre pour en faire des panneaux d’isolation pour protéger votre maison du froid et du chaud ». Un jean, ça tient chaud même quand on ne le porte pas.
Décharges au sud
Les vêtements qui ne sont pas recyclés peuvent donc avoir une seconde vie. C’est la seconde main, souvent dans les pays du Sud, en Afrique ou en Asie. Mais tout ne se passe pas comme prévu désormais. « Même ces pays-là aujourd’hui croulent sous les vêtements. La Chine commence elle-même à exporter de la seconde main, voire de la fast fashion, directement en Afrique ou en Asie. Nos vêtements se retrouvent non pas portés une seconde fois mais finissent parfois dans une décharge à ciel ouvert à l’autre bout du monde », relève Pauline Debrabandère, de Zero Waste.
Accra, au Ghana, accueille ainsi une célèbre décharge textile, sur une plage, avec des problèmes de santé pour les habitants. Les vêtements, bien souvent en polyester, partent aussi dans l'océan. Des vêtements en plastique fabriqués avec du pétrole jetés à la mer, c'est carrément la triple peine écologique, et à la fin ce sont les poissons qui pleurent.
À lire aussiLe Ghana devenu la décharge de la fast fashion d’Europe
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne