Questions d'environnement

Y a-t-il autant d’opposition à l’action climatique qu’on ne le pense?

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Une large partie de la population serait favorable à davantage de mesures pour lutter contre le réchauffement climatique. C’est ce que met en lumière une étude réalisée auprès de 130 000 personnes dans 125 pays et récemment publiée dans la revue Nature

« Je ne crois pas au changement climatique », tag attribué à l'artiste Banksy à Londres, pour dénoncer le réchauffement climatique.
« Je ne crois pas au changement climatique », tag attribué à l'artiste Banksy à Londres, pour dénoncer le réchauffement climatique. © CC/Dunk/Flickr
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Quelque 86% des personnes interrogées sont favorables à des normes sociales pour lutter contre le changement climatique et 89% des personnes qui ont répondu en 2021-2022 à cette enquête demandent même une action politique plus forte sur la question climatique. Au niveau mondial, 69% de la population a déclaré être prête à dépenser 1% de ses revenus pour la cause climatique. Les résultats ne sont pas uniformes en fonction des pays. La proportion d'individus disposés à cette dépense est plus importante dans les pays dont le PIB par habitant est plus faible. La proportion aux États-Unis, par exemple, est beaucoup plus faible. « Cela peut s'expliquer de plusieurs manières, » analyse Teodora Boneva, professeure en microéconomie appliquée à l’Université de Bonn et co-autrice de l’étude. « L'une d'elles pourrait être que les pays plus riches ont davantage de ressources pour atténuer les conséquences du changement climatique sur les populations. Une autre hypothèse c’est que la transition vers une économie décarbonée peut être plus difficile pour eux puisqu'ils émettent plus de CO2 par habitant. »

La température aurait aussi une influence sur cette réponse. Les habitants de pays chauds seraient plus enclins à cette dépense. « L’une des explications pourrait être que dans les pays où il fait plus chaud, les gens font déjà davantage l'expérience des conséquences négatives du réchauffement climatique, avance Teodora Boneva. Donc, ils sont peut-être plus inquiets des changements qui pourraient survenir dans le futur. »  

Une volonté de lutter contre le réchauffement climatique sous-estimée

Mais cette volonté d'agir n'est pas toujours perçue par les autresLes auteurs de l’étude ont demandé aux sondés de deviner quel pourcentage de personnes dans leurs pays seraient prêtes à céder 1% de leurs revenus pour le climat. Réponse moyenne : 46%. Loin des 69% de sondés prêts à le faire. Ils ont donc largement « sous-estimé » la volonté de leurs concitoyens, s’inquiète Teodora Boneva. Or, « il y a beaucoup de gens dans le monde qui ont envie de participer au bien commun, mais uniquement, à partir du moment où ils croient que chacun prend sa part, » explique-t-elle. Par ailleurs, « il est important de comprendre quelle est la part réelle de la population qui s'oppose à certaines politiques. Selon nos recherches, il est possible que nous sous-estimions le soutien aux mesures pro-climat proposées par les gouvernements. »

La professeure d’économie émet l'hypothèse d'un focus médiatique trop important sur les groupes opposés aux mesures de lutte contre le changement climatique.

Une autre enquête, de l'Observatoire international Climat et opinions publiques 2023, montre que la part des climato-sceptiques a légèrement reculé en 2023 après une augmentation de six points sur quatre ans en 2022. Selon ce sondage, ils représenteraient encore tout de même 36 % des interrogés dans 29 pays dont 27% qui n'attribuent pas le changement climatique à l'activité humaine et 9% qui nient la réalité même du réchauffement de la planète.

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