Les Jeux olympiques débutent dans un peu plus de deux mois à Paris. Et comme d’habitude désormais, l’impact environnemental de ce type d’évènement sportif planétaire est scruté à la loupe par les défenseurs de l’environnement. Les organisateurs promettaient d’ailleurs au départ des JO « neutres en carbone » et même à « contribution positive pour le climat ». Une ambition qui a depuis bien évolué. Le comité d'organisation est aujourd'hui bien plus réaliste.

Le Comité d’organisation des Jeux olympiques Paris 2024 promet désormais de « réduire de moitié son empreinte carbone, par rapport aux éditions précédentes, et compenser les émissions qui n’auront pas été évitées ».
Concrètement les JO de Londres en 2012 ont émis 3,3 millions de tonnes de CO2 et à peine plus pour Rio 2016 (3,6 millions de tonnes de CO2), soit l’équivalent des émissions du Niger pour une année entière… en seulement 1 mois de compétition.
Dans le détail, c’est le secteur du transport des spectateurs et des athlètes, qui viennent du monde entier en avion, qui émet le plus. Le transport représentera 40 % des émissions de Paris 2024, selon le comité d'organisation.
Et pourtant, même si une fois en France, des efforts ont été faits pour que tout soit accessible en transports en commun, il n’est prévu que « d'encourager » ou « d'inviter » les visiteurs à prendre le train. Très insuffisant donc pour réellement faire baisser les émissions liées au transport.
Manque de transparence
Ensuite, le secteur de la construction représentera au final 30 % des émissions des jeux, avec les nouveaux stades, le Village olympique, et les autres infrastructures nécessaires. Dans son programme, le comité promet d’utiliser 95 % de sites déjà existant pour éviter de nouvelles constructions, ou d'utiliser du bois pour limiter le béton plus polluant. Des initiatives saluées, cette fois, par l’ONG Carbon Market Watch qui a passé au crible les promesses environnementales des JO dans un récent rapport.
Autre secteur émetteur, la consommation d’énergie qui ne doit représenter que 8 % des émissions de la compétition, grâce aux énergies renouvelables. Il y a aussi l’alimentation qui ne doit peser que 1 % des émissions de Paris 2024 avec moins de viande et donc moins de rejets de gaz à effet de serre.
Mais dans son rapport, l’ONG critique un certain « manque de transparence ». Le problème de toutes ces promesses, c’est qu’on ne sait pas trop ce qu’elles valent et si elles sont fantaisistes ou non, car il n’est pas expliqué d'où viennent les chiffres présentés. Les sponsors de l’évènement, comme Air France ou Arcelor Mittal sont aussi de grands pollueurs et le plan de compensation des émissions par des projets écologiques sont aussi critiqués pour leur manque d’efficacité.
C’est vrai que « des efforts louables ont été réalisés » nuancent toutefois les militants et c’est vrai que la question de l’impact environnemental des grands évènements sportifs de ce type est prise de plus en plus aux sérieux.
Nouveau modèle de Jeux
Reste la question de savoir comment faire mieux à l’avenir, puisque comme les autres secteurs, le sport et les JO vont devoir se décarboner pour parvenir à limiter le réchauffement climatique et donc tenter de préserver les conditions de vie sur Terre.
Paris 2024 a adhéré à l'initiative des Nations unies « Sports for Climate Action », qui comprend un engagement à réduire les émissions de 50 % d'ici 2030 par rapport à 2019, et d’atteindre la neutralité carbone d'ici 2040.
Impossible d’y parvenir avec le modèle actuel qui consiste à rassembler des millions de spectateurs en même temps et au même endroit, selon Gilles Dufrasnes de l’ONG Carbon Market Watch à moins de limiter la taille de l’évènement. Lui plaide pour un nouveau « modèle décentralisé à travers le monde, où uniquement les citoyens du pays ou les gens locaux pourraient aller voir les compétitions, mais avec des compétitions de sport un peu partout, avec un roulement ». Selon lui, « cela permettrait à plus de personnes dans le monde d’assister aux compétitions, tout en réduisant très fortement les émissions, puisque le nombre de voyages en avion serait très réduit ». Les athlètes iraient donc de pays en pays, au lieu des spectateurs.
Si « ça n’est qu’une idée parmi d’autres » qui peuvent émerger du débat, selon Gilles Dufrasnes, il va de toute manière falloir sérieusement réfléchir à la question pour avoir un jour de vrais Jeux Olympiques neutres pour le climat.
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