Dix ans avant la COP30 de Belém, l'Accord de Paris a-t-il servi à quelque chose?
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La COP21 organisée en France en 2015 a produit le texte le plus ambitieux pour lutter contre le réchauffement climatique. Et si les résultats se font attendre, si la crise climatique s'est aggravée, les acquis sont bien réels.

Il y a de cela 10 COP (parce qu'au service environnement de RFI, on ne compte pas en années, on compte en COP), la COP21 organisée à Paris donnait naissance à l’Accord de Paris, le texte le plus ambitieux pour lutter contre le réchauffement climatique. Celui qui fait toujours référence, qui sert de feuille de route. Mais en 10 ans, la crise climatique s'est aggravée, avec son lot de catastrophes, d’incendies, d’inondations et de sécheresses, si bien qu’on pourrait presque croire que l’Accord de Paris n’a servi à rien. On n'a jamais émis autant de CO2, le principal gaz à effet de serre, et l'un des objectifs de l'Accord de Paris, limiter à 1,5°C le réchauffement de la planète à la fin du siècle, est déjà quasi dépassé. « La vérité, c'est que nous avons échoué à éviter un dépassement de 1,5 degré au cours des prochaines années », constatait le mois dernier le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, amer.
Il est vrai qu’en dix ans la hausse de la température moyenne sur la planète a été spectaculaire. En 2015, on était à 1ºC d'anomalie de température et on s'approche donc de 1,5°C, l’objectif le plus ambitieux pour la fin du siècle bientôt dépassé en seulement dix ans. Mais on ne peut pas tout mettre sur le dos de l'Accord de Paris. « La température mondiale d’aujourd’hui n’est pas dépendante de ce qui s’est passé durant les dix dernières années mais de ce qui s’est passé durant les 150 dernières années. Donc qu’il y a ait eu ou pas l’Accord de Paris, on n’aurait pas fondamentalement modifié le stock de gaz à effet de serre en dix ans, parce que c’est trop court », assure l’économiste Christian de Perthuis, qui vient de publier un bilan de l’Accord de Paris dans The Conversation.
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Le boom du renouvelable
L’Accord de Paris a pourtant déjà produit quelques effets. Certes, les émissions de CO2 augmentent encore, mais beaucoup moins vite : le rythme a été divisé par trois en dix ans, et c'est bien grâce à l'Accord de Paris, qui a permis de lancer la transition énergétique, le déploiement des énergies renouvelable, le solaire et l'éolien, à un rythme beaucoup plus rapide que prévu. Le prix des technologies solaires s’est effondré, et l’effet se fait sentir notamment en Asie, et en Chine en particulier. « Ce point est fondamental parce qu’aujourd’hui l’Asie représente les deux tiers des émissions mondiales, souligne Christian de Perthuis, qui a créé la chaire Economie du climat à l'université Paris Dauphine-PSL. Or, tous les signaux sont là pour penser que la Chine est en train de franchir son pic démission, cette année ou l’année prochaine ».
L'essor des énergies renouvelables est d’ailleurs planétaire. Presque la moitié de l’énergie produite par les pays de l’Union européenne est désormais décarbonée. Et on en est aussi convaincu, le développement des pays les moins avancés passe aussi par les énergies renouvelables. « Lorsqu’on se projetait dans le futur en 2015, on était encore sur l’ancien logiciel et on disait : “Si on veut que l’Afrique au sud du Sahara ou l’Asie du sud se développe, il faut passer par la case des fossiles”. C’est probablement le point le plus important de ce qui s’est passé depuis ces dix dernières années », estime Christian de Perthuis.
Bataille au long cours
Autre grand acquis de l'Accord de Paris, l'argent, le nerf de la guerre climatique. Même si les financements mobilisés sont encore insuffisants, ils existent. Sans l'Accord de Paris, il n'y aurait rien eu du tout pour aider les pays les plus pauvres à affronter les causes et les conséquences du réchauffement climatique. L'Accord de Paris nous ramène aussi à un âge d'or des négociations climatiques, sans le négationnisme climatique trumpien. On peut être impatient, mais il ne faut pas baisser les bras. « On ne gagne pas la bataille du climat comme ça en deux ou trois ans. C’est une bataille au long cours et il y a toujours un décalage entre le moment où on agit et le moment où on va bénéficier des retours », rappelle Christian de Perthuis. Sans l'Accord de Paris, l'état de la planète aujourd'hui serait pire encore.
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