Questions d'environnement

Le budget 2026 répond-il aux préoccupations écologiques des Français?

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Alors que l'Assemblée nationale entame l'examen du projet de loi finances de l'an prochain, un sondage révèle l'inquiétude des citoyens face à la crise écologique. Ils réclament plus de normes et de politiques environnementales, quel que soit l'électorat. Loin des discours politiques dominants.

Sébastien Lecornu lors de son discours de politique générale à l'Assemblée générale, le 14 octobre 2025 (Image d'illustration)
Sébastien Lecornu lors de son discours de politique générale à l'Assemblée générale, le 14 octobre 2025 (Image d'illustration) © Thomas Samson / AFP
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Le marathon budgétaire français commence aujourd’hui à l’Assemblée nationale après quelques semaines d’incertitudes politiques… Le projet de loi de finances 2026 débute son périple en commission, avant d'arriver dans l'hémicycle vendredi. Répond-il aux inquiétudes des Français face à la crise environnementale ? Car oui, les Français sont préoccupés, selon un sondage Ipsos : 89% disent leur inquiétude face à l'aggravation de la crise climatique. Avec un tel chiffre, on voit bien que la question dépasse les clivages partisans.

Lors de son discours de politique générale, la semaine dernière, le premier ministre Sébastien Lecornu qui fut pendant un an secrétaire d’État à la transition écologique au début du Premier quinquennat d’Emmanuel Macron, n’a prononcé que trois fois les mots « écologie/écologique » et « environnement ». Le sujet est remis à plus tard, et noyé parmi d'autres. « Je reviendrai aussi sur les questions d’immigration, de sécurité, d’impôt, d’énergie de transition écologique, d’éducation, du numérique. Sur tout cela, nous ferons des propositions, nous débattrons, et à la fin, vous voterez », déclarait-il mardi dernier à la tribune de l’Assemblée nationale.

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Plus de normes

Sur le papier, dans le projet de budget présenté par le gouvernement, l’enveloppe allouée à la crise climatique et environnementale est en léger progrès. Après une baisse de 3 milliards d'euros en 2025, le projet pour 2026 retrouve le niveau de 2024. Mais sans réelle ambition. Et dans le détail, plusieurs coupes inquiètent les défenseurs de l'environnement. Moins 500 millions d’euros pour MaPrimeRenov’, pour la rénovation énergétique des bâtiments. Autre exemple : le Fonds vert, destiné aux collectivités locales, pour financer l'installation de panneaux solaires ou de pistes cyclables, perd presque la moitié de ses crédits. C'est un fonds qui fond, en contradiction avec les inquiétudes des Français.

Selon le sondage Ipsos commandé par le Réseau Action Climat (le RAC), qui fédère 27 associations, une majorité de Français (56%) considèrent que l'écologie doit être une priorité. À 67%, ils veulent plus de normes, de contraintes, même si cela doit coûter plus cher au budget de l'État – une position majoritaire même à droite et à l'extrême droite. Loin des clivages partisans, les Français plébiscitent les énergies renouvelables (et ces horribles éoliennes accusées par certains de saccager l’identité française) et les restrictions de pesticides (pourtant mises à mal par la loi Duplomb déposée par un sénateur Les Républicains).

Lobbies contre citoyens

« On a été vraiment surpris, commente Anne Bringault, directrice des programmes au Réseau Action Climat. On entend parler depuis plusieurs mois d’un backlash écologique, c’est-à-dire d’un ras-le-bol sur l’écologie. Mais ce sondage nous montre que ce backlash n’existe pas au niveau de la population française. Les Français ne veulent pas moins d’écologie, ils veulent plus d’écologie, quel que soit l’électorat. »

Le Réseau Action Climat a identifié cette année, rien qu'en six mois, 43 reculs sur l'environnement, illustrant là encore le décalage entre les politiques et les citoyens. Comme si les politiques préféraient les lobbys aux électeurs. « On voit bien l’influence de certains lobbys, très puissants, sur l’agriculture, avec certains syndicats agricoles particulièrement puissants. Dans d’autres domaines, ce sont les industriels des énergies fossiles, remarque Anne Bringault. La classe politique écoute beaucoup plus les lobbys que les citoyens. Cela fait vingt ans que je travaille dans le domaine de la protection de l’environnement, et c’est quelque chose qui est récurrent. »

On le voit d'ailleurs aussi au niveau européen, avec le recul sur le « Green deal », le Pacte vert pour l’Europe. Ce ne sont pas les citoyens qui réclament une temporisation, mais les entreprises. Les fabricants de voitures pourraient ainsi obtenir le report de l'interdiction des véhicules thermiques et polluants, prévu en 2035. Face à la crise écologique, il y a aussi une crise démocratique.

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