Questions d'environnement

Européennes 2024: le «Green deal» ou Pacte vert, dans la balance

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L’écologie sera l'un des clivages politiques au cœur de la campagne pour les élections européennes prévues du 6 au 9 juin prochain. Au centre des débats qui s’annoncent tendus : la mise en œuvre du Pacte vert de l’Union européenne.

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, le 1er février 2023.
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, le 1er février 2023. REUTERS - YVES HERMAN
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Porté par la présidente de la Commission, l'Allemande de centre-droit Ursula Von der Leyen, le Pacte vert est au cœur du bilan de l'exécutif sortant. Ce fameux « Green deal » correspond à une série de propositions pour adapter les politiques de l'Union européenne (UE) en matière de climat, d’énergie, de transport et de fiscalité afin de réduire les émissions nettes de gaz à effet de serre d’au moins 55 % d’ici à 2030, par rapport aux niveaux de 1990. Si un certain nombre des dispositions du Pacte vert ont déjà été adoptées, le rythme a fortement ralenti ces derniers mois. Le chapitre autour de l’agriculture par exemple, particulièrement sensible, est aujourd’hui en suspens.

« Certaines forces politiques, notamment les partis d'extrême droite, se sont toujours opposées à l’agenda du Pacte vert, en termes politiques mais aussi lors des votes des initiatives notamment au Parlement, analyse Nicolas Berghmans, responsable Europe à l'Institut du Développement Durable et des Relations Internationales (IDDRI). Mais on voit aussi un changement de discours qui touche le centre-droit voire une partie du centre européen ». Cette bascule est liée à la question du rythme de la transition, explique cet expert énergie-climat. « Est-ce qu’on ne va pas trop vite trop fort ? », explicite-t-il. Ainsi, certaines personnalités politiques européennes, et notamment le président français Emmanuel Macron, ont mis dans le débat la nécessité de faire une pause réglementaire, de temporiser.

Ne pas braquer le monde agricole

Pourquoi ce coup de frein face à la transition écologique ? À l'approche des élections européennes prévues en juin prochain, la droite a besoin du monde agricole et rural, qui pèse lourd électoralement. Ce secteur est dragué par l'extrême droite et se montre très réticent aux contraintes environnementales.

Aux Pays-Bas par exemple, le leader d'extrême droite Geert Wilders a axé sa campagne des législatives de novembre notamment contre les politiques environnementales de l'UE. Et il a gagné. Ces élections ont aussi été marquées par l'émergence du parti populiste et agrarien, le BBB (pour Mouvement agriculteur-citoyen), né de la fronde face au projet du gouvernement de Mark Rutte de réduire le cheptel afin de diminuer les rejets d’azote liés à l’élevage.

Transition juste

Plus globalement, la transition écologique, qui implique des changements de modes de vie et de production, suscite des résistances sur tout le continent, estime la Fondation Jean Jaurès. Les sondages projettent d'ailleurs une chute des forces écologistes et progressistes dans de nombreux États membres de l'Union européenne au profit des conservateurs et de l'extrême droite, lors des élections dans cinq mois.

Pour tenter de résister, les défenseurs du Pacte Vert devront donner des gages que cette transition écologique sera juste, car une partie de l'électorat européen craint les coûts associés à ces transformations. Comment les plus modestes financeront l'achat d'un véhicule électrique et la rénovation de leur logement ? Que deviendront les salariés des industries liées aux énergies fossiles comme l'automobile ? Des questions cruciales alors que les Européens ont déjà souffert fortement de l'inflation ces dernières années.

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