Dès les prochaines années, les pénuries d'eau vont s'aggraver partout sur la planète, en raison d'une surconsommation et du réchauffement climatique. Mais des solutions existent.

C’est l’un des besoins vitaux de l’humanité (et même de l’ensemble des êtres vivants) : l’eau, sans laquelle la vie est impossible. L’eau qui pourrait manquer, et qui manque déjà. Pour 30% de la population mondiale, l'eau ne coule pas au robinet, tout simplement parce qu'il n'y a pas de robinet. On estime que même 9% des habitants de la terre n'ont pas du tout accès à l'eau potable. Et les perspectives ne sont pas brillantes, selon une toute dernière étude qui vient d'être publiée dans la revue Nature. Dans cinq ou dix ans, les pénuries vont se multiplier. De grandes villes entières seront touchées, comme Le Cap en Afrique du Sud qui a frôlé la catastrophe en 2017-2018. D’ici 2050, selon l'ONU, la moitié de la population connaîtra des pénuries d’eau.
Il y a pénurie quand la consommation d’eau dépasse la ressource. Et la consommation continue de s’accroître alors que la ressource diminue. Artisan de son propre malheur, l’Homme créé la pénurie qui le menace. « L’eau qu’on boit, ce n’est pas de l’eau de pluie, rappelle Agnès Ducharne, hydrologue et climatologue à l'université Paris-Sorbonne. C’est de l’eau qu’on a pompée dans une rivière ou une nappe phréatique. C’est de l’eau qui est aussi pompée pour fabriquer de la nourriture, de l’électricité, de l’acier, des plastiques, etc. Et s’il y a en moins, ce sont tous ces usages qui sont compromis. Il faut trouver de nouveaux équilibres ».
Trop d'irrigation
Dans le détail, ce qu'on appelle l'eau domestique (pour boire, se laver…) représente 10% de la consommation d'eau mondiale. L'industrie, c'est 20%. Et tout en haut, il y a l'agriculture avec 70% de la consommation d'eau dans le monde. La pénurie menace, et dans certaines régions, ça coince déjà, notamment là où on irrigue trop. « Il existe déjà des pénuries très importantes à cause de pompages. C’est le cas en Californie aux États-Unis, en Andalousie en Espagne, en Inde aussi, l’endroit le plus irrigué au monde », précise Agnès Ducharne.
Au-delà d’une intensification des activités humaines, l’autre cause des pénuries d’eau, c'est le réchauffement climatique (provoqué lui aussi par les activités humaines). Contrairement à une idée reçue, il augmente les quantités de pluie au niveau planétaire, parce que la chaleur rend l'atmosphère plus humide, en raison de l’évaporation – plus 7% d'humidité par degré supplémentaire. Et un air plus humide favorise la pluie. À l'inverse, en période de sécheresse, quand l'air est plus sec, il pleut encore moins. Le changement climatique exacerbe les phénomènes. « Avec le réchauffement climatique, même si les ressources en eau douce ont tendance à augmenter en moyenne globale, elles augmentent pendant les saisons humides, dans les régions humides, et elles diminuent dans les régions sèches et pendant les saisons sèches. Et c’est cette augmentation des contrastes qui amène à ce qu’il y ait des pénuries d’eau plus importantes, parce que le réchauffement climatique intensifie les sécheresses », détaille Agnès Ducharne.
Moins consommer, moins réchauffer
Va-t-on tous mourir de soif ? Face à la double action des usages abusifs et du changement climatique, il n’y a pas de fatalité. D’abord en agissant sur le réchauffement climatique, et on peut le faire puisqu'il est d'origine humaine. « Si on émet moins de gaz à effet de serre, on va pouvoir agir. Je ne suis pas très optimiste, parce que je ne le vois pas venir, mais c’est un des leviers le plus importants », estime la climatologue.
On peut bien sûr aussi agir directement sur notre consommation. « Sur les prélèvements en eau dans les rivières et les nappes phréatiques, je pense qu’on pourrait faire plus, poursuit Agnès Ducharne. En ne consommant pas d’eau pour rien, pour les golfs, les piscines, pour du maïs au lieu d’autres types d’agriculture, pour de l’électricité nucléaire en plein été alors qu’on pourrait faire plus de photovoltaïques… La diversité des mesures à prendre est très importante ». Y compris chez soi, chaque goutte compte ; la moindre goutte d’eau économisée, ce n’est pas une goutte d'eau dans la mer.

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