Questions d'environnement

Le géant français TotalEnergies fait-il du greenwashing?

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La justice française rend jeudi 23 octobre sa décision sur une campagne publicitaire du groupe pétrolier français orchestrée en 2021. Plusieurs ONG ont accusé TotalEnergies de mentir et de ne pas respecter l'accord de Paris sur le climat en poursuivant l'exploitation de nouveaux gisements de pétrole et de gaz. 

Le logo de la société pétrolière et gazière française TotalEnergies est visible au dépôt de carburant TotalEnergies à Mardyck, près de Dunkerque, le 7 mars 2023.[Image d'illustration]
Le logo de la société pétrolière et gazière française TotalEnergies est visible au dépôt de carburant TotalEnergies à Mardyck, près de Dunkerque, le 7 mars 2023.[Image d'illustration] REUTERS - PASCAL ROSSIGNOL
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Quand il a changé de nom en 2021, le groupe pétrolier français Total, devenu TotalEnergies (au pluriel), a ajouté une touche de vert à son logo. Et c’est pour sa nouvelle stratégie de communication que TotalEnergies s’est retrouvé devant le tribunal. Non pas à propos du nouveau logo, mais pour une campagne de publicité dénoncée dans la plainte de plusieurs ONG française qui accusent TotalEnergies de greenwashing, ou d'écoblanchiment : afficher une image éco-responsable, alors que dans la réalité, on continue de produire des énergies carbone responsables de la crise climatique. La justice rend sa décision aujourd’hui.

« On a vu tout un tas d’affirmations sur le fait que l’entreprise était bien en voie de respecter l’accord de Paris et d’être neutre en carbone en 2050. Toutes ces communications sur le site, sur les réseaux sociaux, sont apportées comme preuve d’une communication trompeuse », explique Justine Ripoll, de Notre Affaire à tous, l'une des ONG qui ont porté plainte.

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« Plus d’énergies, moins d’émissions, c’est le cap, affirme par exemple la voix off d’un film promotionnel de TotalEnergies réalisé pour les 100 ans de la compagnie. En plus du pétrole et du gaz, l’entreprise investit dans l’électricité et les renouvelables. TotalEnergies, un nouveau nom qui incarne la dynamique de transition dans laquelle la compagnie est résolument entrée. » De la publicité mensongère selon les ONG qui ont porté plainte. Au Royaume-Uni cette année, le régulateur a d’ailleurs interdit une publicité de Total pour greenwashing.

Pour sa défense, TotalEnergies, qui n’a pas répondu à notre demande d’interview, assure que les spots mis en cause sont des vidéos institutionnelles, qui ne sont pas destinées au grand public. Total est-il pour autant engagé dans la transition énergétique ? Oui, mais ses résultats restent marginaux et ne lui permettront pas de respecter l'accord de Paris sur le climat, qui impose la neutralité carbone en 2050, selon Justine Ripoll, de Notre Affaire à tous : « Une condition très claire a été posée par la science : il faut arrêter d’ouvrir de nouveaux projets pétroliers, gaziers ou de charbon, parce qu’on dépasse complétement le budget carbone restant pour limiter le réchauffement à 1,5ºC. C’est exactement l’inverse de ce que fait TotalEnergies, qui est l’entreprise dans le monde impliquée dans le plus de nouveaux projets pétrogaziers qu’on appelle bombes carbone et qui nous emmène vraiment droit dans le mur. »

D'autres géants ont renoncé aux énergies renouvelables

Total justifie de nouveaux investissements pétroliers et gaziers pour compenser la baisse de productivité des sites déjà existants, et affirme répondre à la demande des consommateurs. Mais sur les énergies renouvelables, Total a baissé cette année de près de 300 millions d'euros ses investissements. Cela dit, il y a pire comme compagnie pétrolière. Le britannique BP, par exemple, a fait volte-face cette année en renonçant à toute activité dans les énergies renouvelables. 

Ce n'est pas la première plainte en justice que Total affronte dans sa longue histoire. Ces dernières années, le groupe a été accusé en Ouganda de violations de droits humains et d'accaparement des terres. Il y a eu aussi des plaintes pour pollution dans plusieurs pays africains.

En janvier prochain, TotalEnergies se retrouvera une nouvelle fois devant le tribunal à Paris pour examiner une autre plainte d’ONG, pour que Total arrête ses nouveaux projets fossiles.

« Ce n’est pas une lubie des ONG de vouloir attaquer Total sur tous les fronts possibles, justifie Justine Rippoll. Ces procès visent à mettre fin à l’impunité de Total et à l’obliger à agir. Que la justice puisse être un levier de pression pour que l’entreprise soit vraiment alignée sur les objectifs climatiques. » Au-delà de Total, le problème, c’est le pétrole.

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