Reportage Afrique

RDC: le kapokier centenaire, une identité de Lubumbashi

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La mairie de Lubumbashi a lancé mi-avril la campagne d'élagage et d’abattage de vieux arbres dans la ville. Première cible, le kapokier du lycée Tuendelee, un arbre centenaire qui fait partie du patrimoine de la ville. La mairie justifie sa décision par le danger que présentait cet arbre, en partie sec. Mais certains habitants le défendent.

Le kapokier du lycée Tuendelee, arbre centenaire et patrimoine de  la ville de Lubumbashi en RDC, après son élagage en Avril 2023.
Le kapokier du lycée Tuendelee, arbre centenaire et patrimoine de la ville de Lubumbashi en RDC, après son élagage en Avril 2023. © Denise Maheho/RFI
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De notre correspondante à Lubumbashi

À l’entrée du lycée Tuendelee à Lubumbashi, trône un arbre vieux de 100 ans. C’est un kapokier d’environ 6 mètres de haut, pour 4 mètres de circonférence. « Il y a les hirondelles qui se posaient dessus, et les martins-pêcheurs qui allaient pêcher les poissons. Et donc parfois, vous trouviez des poissons frais en dessous de l'arbre. Et des gens ramassaient ces poissons pour les manger, raconte Monsieur Crispin, qui tient depuis 10 ans une librairie à quelques mètres du kapokier. Plusieurs fois, des chauves-souris s’y sont abritées. Ça crée de la fierté pour quelqu’un qui n’a pas vécu plus de 100 ans de voir un arbre qui dépasse son âge. »

Le kapokier du lycée Tuendelee est devenu l’un des monuments vivants de la ville de Lubumbashi. Depuis 2006, il fait partie du patrimoine public, à la suite d’une mobilisation des habitants. « On a posé une plaque et on a entouré l'arbre de banderoles aux couleurs de la ville, explique Marcel Yabili, l’initiateur de la démarche. Sur la plaque était marqué "Patrimoine de la ville". Cet arbre a vu nos grands-parents et il verra nos petits-enfants. Il est classé et protégé. »

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La campagne d’élagage de la ville de Lubumbashi

La branche principale du kapokier, de plus de 5 mètres, a été élaguée. Il ne lui reste désormais que quelques branches parsemées de feuilles vertes.  Ce qui énerve Godlive Mulombo, habitante des environs du lycée Tuendelee : « Ça m’énerve, parce qu’on va se retrouver dans une ville sans repères, et petit à petit on va perdre même l’histoire de Lubumbashi. »

Le professeur Jean-Pierre Ndjibu, spécialiste en environnement, vient de visiter ce qui reste du kapokier. Il est choqué. « Ce sont des plantes qu'on ne détruit pas au hasard. Il aurait fallu qu’on trouve un mécanisme pour l’élaguer tout en gardant les branches, parce qu'en soit il ne présentait pas de risques. »

Pour sa part, Alfred Mupanda, coordinateur du service urbain de l’environnement, assure que le kapokier centenaire reste protégé : « On ne va pas abattre cet arbre, nous voulons même conserver sa santé. Vous voyez, lorsque l’on élague, on donne la force à l’arbre de pouvoir rajeunir. » La plupart des habitants de Lubumbashi ne cachent pas leur attachement à cet arbre, qu’ils espèrent voir vivre encore très longtemps.

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