Afrique du Sud: dans le Township de Langa, la mauvaise alimentation provoque de l’obésité
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Après la crise sanitaire liée au VIH débutée dans les années 90, la ville du Cap est confrontée à un autre fléau : les maladies non transmissibles et l’obésité. Le Cap est une des villes où le taux d’obésité est le plus élevé au monde. En cause, une alimentation de mauvaise qualité et pas équilibrée. Mais comment bien manger quand on habite un township comme celui de Langa, le plus vieux de la ville.

Entre des maisons en brique multicolore et des baraques en tôle, difficile de trouver un espace vert. Pourtant, juste après la salle de billard, on aperçoit un bout de jardin. Paul Molitzani, ancien fermier à la retraite : « J’ai commencé à cultiver ce jardin, il y a quatre ans. Mais comme il n’y avait aucun endroit pour cultiver, je me suis installé sur une décharge. J’ai mis 3 mois pour tout nettoyer et pouvoir en faire un jardin. Ensuite, j'ai planté des légumes. C’est pour ça que je suis en pleine forme. J’ai 73 ans. Je n’ai aucune maladie parce que je mange des produits frais. »
Trouver un terrain n’est pas la seule difficulté, Kurt Ackerman de l’association pour l’alimentation et l’agriculture urbaines : « L’accès à la terre, aux engrais, aux semences, sont un vrai problème ici à Langa. Les agriculteurs doivent quitter la communauté pour aller chercher ce dont ils ont besoin. C’est cher et ils sont en transport en commun donc ils ne peuvent pas ramener grand-chose dans un bus ou un taxi. C’est pour ça qu’on a créé une coopérative, pour grouper les commandes, avoir de plus grosses quantités à de meilleurs prix tout au long de la saison. »
Une population à risque
Koma gowi, une jeune habitante de Langa, discute avec la propriétaire d’une rôtisserie. Au menu de la viande évidemment, mais pas un seul légume. Elle veut donc sensibiliser sa communauté aux bienfaits d’une nourriture équilibrée : « J’ai commencé à m’intéresser à la nutrition pour des questions de santé. Je ne voulais pas devenir obèse, avoir des difficultés à respirer à cause du surpoids. Mais pour ça il faut être informé. »
Au Cap, 70% des femmes de plus de 15 ans et 60% des hommes sont en surpoids. Jane Battersby de l’université du Cap : « Les gens travaillent souvent loin de la communauté. Donc si vous avez 2 h de transport à l’aller et 2 h au retour, vous n’avez pas le temps de préparer un repas traditionnel sain et équilibré. Vous achetez donc des plats déjà préparés. Mais comme vous n’avez pas l’électricité, ça restreint encore vos possibilités. Si vous n’avez pas de réfrigérateur, vous ne pouvez rien conserver. Donc votre régime alimentaire est profondément modifié par votre environnement. Et pour changer cela, c’est compliqué. Il faut agir dans différents secteurs. »
En 2018, l’Afrique du Sud a instauré une taxe sur les boissons sucrées pour limiter le fardeau de l’obésité. Mais la population des townships, victimes de fortes inégalités, reste la plus à risque.
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