Reportage Afrique

Centrafrique: à Kaga-Bandoro, la formation professionnelle pour se reconstruire [2/4]

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À Kaga-Bandoro, à 380 km au centre du pays, de nombreux centres de formations professionnelles ont été créés pour soutenir la réinsertion socio-économique des jeunes. Fondé en 2021 après des années de conflits, le Centre des jeunes pour la renaissance donne aujourd'hui la possibilité à ceux qui ont été directement affectés par le conflit d'apprendre de petits métiers pour non seulement gagner leur vie, mais aussi oublier les traumatismes du passé.

Centre de formation des jeunes pour la renaissance de Kaga-Bandoro.
Centre de formation des jeunes pour la renaissance de Kaga-Bandoro. © RFI/Rolf Steve Domia-Leu
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De notre correspondant de retour de Kaga-Bandoro, 

Ambiance conviviale, ce matin, dans le Centre de formation des jeunes pour la renaissance de Kaga-Bandoro. Dans des combinaisons bleues, une quarantaine de stagiaires sont réunis par groupe de quinze pour assister aux différents cours.

Le centre possède une concession d'environ deux hectares pour l'agriculture, des salles de classes pour les cours théoriques et des ateliers bien équipés pour la pratique. « Je vais passer neuf mois ici pour apprendre différents métiers, dont la menuiserie. Pendant la crise, j'ai vu ma grande sœur se faire violer et mon grand frère assassiner. Cette formation va m'aider à oublier ces traumatismes », espère Gabriel.

Arrosoir dans une main, sachet d'engrais dans l'autre, Fatima et ses amies se faufilent dans les allées du jardin, entre les choux et les carottes. Il est l'heure d'arroser les plantes. « J'ai une grande passion pour le jardinage, c'est pourquoi je suis là, explique-t-elle. Mon mari a été tué et j'ai l'entière responsabilité de nos quatre enfants. Je dois me battre pour m'occuper de ma famille. »

À écouter aussiCentrafrique: à Kaga-Bandoro, des personnes handicapées s'émancipent grâce à l'agriculture [1/4]

À Kaga-Bandoro, un nombre important de jeunes avait été enrôlé dans des groupes armés entre 2013 et 2016. Dans cette ville d'environ 30 000 habitants, l'apprentissage d'un nouveau métier permet la réinsertion de ces jeunes. « Cette formation arrive à point nommé pour me permettre d'oublier les scènes macabres qui hantaient mon esprit, confie Moustapha, 15 ans. Pendant la crise, mon quotidien se résumait à l'alcool, la cigarette et le banditisme. J'étais tombé dans la dépression. Aujourd'hui, je suis content, car ce centre me redonne de l'espoir. »

L'accès au centre est gratuit et prend actuellement en charge 40 jeunes, en majorité des garçons. Les apprenants ont deux semaines de théorie et trois mois de pratique. « Nous formons chaque année une centaine de jeunes dans le domaine de la mécanique, de l'agriculture, de l'élevage et de la menuiserie afin de susciter en eux des vocations. Nous avons compris que si ces jeunes gagnent dignement leur vie, ils ne pourront pas rentrer dans la brousse pour rejoindre la rébellion », remarque Serge Bagaza, le coordonnateur du centre.

Le Centre des jeunes pour la renaissance souhaite ouvrir dans les prochains mois des filières dans les domaines de la couture, de la saponification et de l'alphabétisation. L'ensemble de ces programmes est financé par l'Église catholique. 

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