Reportage France

Transphobie: «L'agression vient des préjugés qu'on peut avoir sur les personnes»

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Selon plusieurs enquêtes, en 2021, 375 personnes transgenres, des personnes dont l'identité de genre ne correspond pas au sexe qui leur a été assigné à la naissance, ont été assassinées dans le monde, dont 96% de femmes. En France, sur le premier trimestre 2021, 1 968 agressions physiques ont été recensées. On ne compte plus les agressions verbales. Témoignages.

Le 17 mai a été choisi  comme date symbolique pour la journée internationale contre l'homophobie, la transphobie et la biphobie pour commémorer la décision de l'OMS le 17 mai 1990 de ne plus considérer l'homosexualité comme une maladie mentale.
Le 17 mai a été choisi comme date symbolique pour la journée internationale contre l'homophobie, la transphobie et la biphobie pour commémorer la décision de l'OMS le 17 mai 1990 de ne plus considérer l'homosexualité comme une maladie mentale. © Getty Images/Vladimir Vladimirov
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Cheveux blonds, visage aux traits fins et lunettes à la monture papillon, Diane Leriche est une femme transgenre. Elle se définit comme activiste et féministe, pour elle la transphobie est contenue dans le mot « transgenre ».

« L’agression elle vient des préjugés qu’on peut avoir sur les personnes. Qu’une personne trans est forcément un objet sexuel, c’est forcément un objet à fantasmes, c’est une perverse sexuelle... », décrit Diane Leriche. « Créature déviante » fait également partie du vocabulaire. Quand une femme transgenre n’a pas encore changé d’état civil, les paroles font mal.

« Quand vous arrivez chez un ophtalmologiste dans un grand cabinet, que vous donnez votre carte de sécurité sociale, que vous n’avez pas encore fait votre changement d’état civil et qu’on vous appelle “monsieur” alors qu’en expression de genre, on voit bien que vous êtes une femme, vous êtes “outés” (révélation publique par un tiers de la sexualité ou du genre de naissance d’une personne, sans son accord préalable, ndlr) devant tout le monde, tout ça pour une histoire de documents », déplore Diane Leriche.

► À écouter aussi : Malgré la loi, la transphobie reste forte en France

Une transphobie insidieuse

Une personne qui se sentirait femme, mais serait née dans un corps de garçon peut entamer un processus de transition à l’aide en premier lieu d’un traitement hormonal. Visage doux aux yeux légèrement maquillés, sourire timide Daisy Letourneur, 40 ans, se présente en robe de printemps, elle milite au sein du collectif « Toutes des femmes ». Selon elle, la transphobie peut être insidieuse.

« Ça se retrouve dans plein d’expériences où on doit effectivement, au niveau administratif, justifier de qui on est, des médecins qui, ne connaissant pas les personnes trans, vont poser des questions très personnelles, parler de notre transition alors qu’on a un rhume. Il y a mille choses, petites et grandes, qui arrivent et relèvent de la transphobie au quotidien dans nos expériences. »

La discrimination existe aussi dans le travail, ce qu’a vécu Daisy Letourneur. « Ça peut par exemple être “on va te mettre au placard pour ne pas te montrer devant les clients”, ou alors nous dire “d’accord, tu peux être une femme avec nous, mais face au public, tu restes un homme.” »

Quand la transphobie vient des proches

Mais la transphobie est ressentie de manière cruelle comme elle touche aux proches, confirme Diane Leriche. « J’ai un seul frère qui n’a toujours pas compris et suivant les situations, il va me genrer au masculin. Il va le faire exprès. Je l’apprécie beaucoup, je l’aime même, mais j’évite les contacts avec lui parce que moi, ça me fait mal. Il renie mon être, qui je suis au plus profond de moi-même », martèle Diane Leriche. Daisy Letourneur baisse les yeux, ce qui lui fait le plus de peine, c’est le rejet d’un ami très cher. « Ça s’est fait sans un mot, tout simplement. Il a arrêté de répondre à mes appels, à mes messages. Ça, ça reste en travers de la gorge... », lâche-t-elle.

Les associations dénoncent aussi une transphobie institutionnelle, même s’il y a eu des avancées il est encore très compliqué de changer d’état civil, les transgenres doivent se justifier devant un juge. Après une baisse en 2020 dans un contexte de crise sanitaire, les plaintes ou crimes et délits ont augmenté de 28 % en 2021, selon le ministère de l’Intérieur.

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