Sécheresse: inquiétude sur la gestion de l'eau dans le sud-est de la France
Publié le :
Après la sécheresse historique de l'été 2022, la pluie continue de manquer sur une bonne partie de la France. En Provence-Alpes-Côte d'Azur, déjà plus de 20 communes sont placées en alerte sécheresse renforcée alors que nous ne sommes que début mars. Une mesure qui est normalement prise en plein été. Certains fleuves de la région sont déjà asséchés et le partage de l'eau commence à poser question.

Début mars, on devrait voir et entendre, à côté de l’Huveaune, un torrent qui traverse le Var et se jette dans la Méditerranée. Mais cet hiver : « Là, c’est tout sec, ça devient un chemin. On voit un caillou, on voit des cailloux... Il n’y a rien, il n’y a même plus d’humidité quand on gratte le sol. Il n’y a plus de fond, il n’a plus de flan. C’est catastrophique », indique Jean-Jacques Coulomb, le maire de Saint-Zacharie dans le Var.
Le fleuve à sec à cette période, c’est du jamais-vu. « Depuis quelques années, c’est courant, mais je vous dis en période estivale, jamais l’hiver. Et là, l’alerte sécheresse est renforcée au mois de février. Je ne pense pas que beaucoup de Zacariens l’ont connu », ajoute-t-il.
Il est interdit, par exemple, d’arroser son jardin la journée. Alors, avant l’été, le maire veut faire de la pédagogie. « J’ai 700 piscines sur la commune », explique l’élu. « Comment empêcher les gens de prendre un bain quand il fait 40 °C ? Le problème, il va être là. Donc, moi, je sensibilise mes administrés, je leur dis qu’il faut qu’ils fassent attention, mais ils l’ont bien compris », tient-il à souligner.

Économiser l’eau dès le mois de mars, cette habitante a trouvé une solution : « Je ne prends plus de douche, c’est fini. Je me lave au lavabo », raconte-t-elle. « Et puis, on est lavé pareil. Je le fais depuis déjà deux ans, avec déjà, la sécheresse ». Une « grosse toilette de chat », ajoute-t-elle. « Voilà où on en est réduit. Là, ça devient insensé ça », déplore-t-elle.
► À lire aussi : La France toujours concernée par la sécheresse
Le risque qui plane sur l’agriculture
Ce ne sont pas des chats, mais des chiens qui montent la garde à la ferme de la Pastière dans les Bouches-du-Rhône. « Normalement, à cette époque de l’année, si on rentre dans un champ, on ressort avec un kilo de terre sur chaque pied. Mais là, il y a particulièrement un manque d’eau », relève Nicolas El Battari. Il est céréalier en agriculture biologique.
La terre de ses champs est devenue poudreuse. Pourtant, il va bientôt semer. « Le pire qui puisse se passer, c’est que la graine trouve suffisamment d’humidité et de température pour germer, qu’elle germe, que les racines descendent et qu’il n’y ait pas d’eau après. Cela veut donc dire que la graine va germer et sécher », décrit-il.
► À lire aussi : La France face à un déficit de pluviométrie record pour la saison hivernale
Face à cette inquiétude, Nicolas voudrait une réflexion globale sur l’usage de l’eau. « Quelles activités faut-il prioriser ? Ici dans le Sud, on a cette culture de la piscine. Est-ce qu’on est d’accord pour se dire, avec une ressource limitée, qu’on attribue et qu’on affecte une partie de cette ressource pour un loisir certes confortable ? », se demande l’agriculteur. « Il faut vraiment se poser la question. Louer des appartements, des maisons ou des villas sans piscines remplies, là ça va “gueuler” », craint-il.

Tensions sur l’usage de l’eau
L’été dernier, le golf d’Aix-en-Provence a été accusé de ponctionner la ressource en eau au profit de ses clients. « Sans rentrer dans la polémique, on a toujours des discussions de pourquoi le golf est arrosé, pourquoi l’agriculteur n’est pas arrosé. Ce n’est pas vrai, moi, aujourd’hui, mes agriculteurs qui sont autour de nous, qui sont alimentés par le canal de Provence, ont moins de restrictions que nous », avance Henri Tessore le propriétaire du golf.
« Entre les deux trous, toute cette partie qui est arrosée, on ne l’arrosera plus et il n'y aura plus d’herbe », assure Henri Tessore. L’herbe y est déjà jaune. « C’est de la terre et de la mauvaise herbe », ajoute-t-il.
► À lire aussi : Sécheresse en France : restrictions et contrôles se multiplient
À bord de sa voiturette sur le green, il veut montrer sa bonne volonté. « On a amélioré tout ce qui [concerne] nos réseaux d’arrosage. On ne perd pas 20 % de l’eau dans les fuites comme le ministre, l’année dernière, nous l’annoncer... », tempère Henri Tessore. « Après, nous avons des logiciels qui nous permettent d’avoir une qualité d’arrosage “à la minute près” de ce qu’il faut et pas plus. Et ce qu’on fait depuis l’année dernière, l’année d’avant, on fait une inversion de flore avec de nouvelles graminées qui résistent plus à la chaleur et qui consomment moins d’eau. »
Après des successions de mois sans pluie, cet hiver sec génère déjà des débuts de tension sur l’usage de l’eau. La région Provence-Alpes-Côte d’Azur connaît depuis février des niveaux d’hydrométrie habituellement observés au mois de juin.

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne