Tour de France: quand la plateforme Netflix attire un nouveau public
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Ce Tour de France 2023 est un vrai film, avec comme personnages principaux le Danois Jonas Vingegaard et le Slovène Tadej Pogacar. Une rivalité qui sera à nouveau portée à l'écran cette année. Comme lors du Tour 2022, le géant des plateformes de streaming Netflix est présent. La première saison, sortie il y a quelques semaines, a cartonné et a séduit un nouveau public, qui ne s'intéressait pas au vélo. Après les Footix, les nouveaux fans de foot, place aux Cyclix...
Le Tour de France, il y a ceux qui connaissent par cœur, et qui n’ont pas besoin de Netflix pour découvrir. À l’image de Pierre et Anthony, la petite trentaine, qui suivent l’épreuve depuis leur enfance, et assistent à de nombreuses étapes au bord des routes. Ils ont tout de même regardé la série :
« C’était très bien ! », nous dit Anthony, tenue à pois rouges de la tête aux pieds. « On voit très bien l’intérieur de la course, ce qu’il se passe dans les bus, au sein des équipes. » « J’ai beaucoup aimé aussi », abonde son ami Pierre. « C’est très bien tourné et ça contribue beaucoup à la popularité du Tour de France. On ressent bien le côté humain, puis le côté préparation des équipes et la technique. »
Il y a donc les connaisseurs… Et puis il y a les autres, ceux qui découvrent. « Le vélo, moi, je ne m’y intéressais pas du tout, mais alors vraiment pas du tout », concède dans un sourire David, gendarme chargé d’encadrer la course. « Quand j’ai su que j’étais engagé sur le dispositif Tour de France, je m’y suis un peu penché, et j’ai regardé la série. C’est une grande histoire humaine, une grande histoire logistique, une grande histoire sportive. J’ai trouvé très beau le fait que Van der Berg, si je n’écorche pas les noms, laisse la victoire sur le contre-la-montre à Van Out. Ah moins que ça ne soit Van Aert ? ».
Après les « footix », les « cyclix »
Si le néophyte découvre encore les grands noms du peloton, comme Jonas Vingegaard ou Wout Van Aert, il n’est pas le seul à s’être pris de passion pour le cyclisme depuis la sortie de « Tour de France, au cœur du peloton » le 8 juin dernier en France sur Netflix. Gérard, retraité breton mordu de la Grande Boucle depuis plus de 40 ans, n’a pas encore regardé, mais promet de s’y mettre, sur les conseils de sa fille. « Elle n’a jamais suivi le Tour, mais dès qu’elle a su qu’il y avait l’émission, elle m’a dit « regarde-la, regarde-la, c’est super ». Elle a adoré et comme elle dit « je ne te spoile pas », mais il va falloir maintenant que je la vois. »
Ce nouveau public a découvert des personnages, car chaque épisode se focalise sur une équipe, un coureur spécifique ou même des directeurs sportifs. À l’image de Julien Jurdie, patron de la formation française AG2R. « Oh, je ne suis pas une star, ce n’est pas le bon mot », rétorque-t-il poliment. « Je suis plutôt un personnage de la série. Je ne vous cache pas que j’avais une certaine crainte à découvrir ce documentaire. Vous avez une caméra qui vous suit depuis de longs mois, à la maison, en stage, en course… Qu’est-ce qui va en ressortir ? J’ai trouvé le contenu plutôt intéressant et les retours dans l’équipe étaient très bons. Les gens voient qu’on fait un métier passion. »
Dans l’équipe justement se trouve Aurélien Paret-Peintre, qu’on découvre dans la série comme un équipier au service de ses leaders. Lui aussi est très satisfait du rendu : « C’est une très belle vitrine pour nous, pour le grand public. C’est super pour se rendre compte de notre environnement, de la machine qu’est le Tour de France, des courses, du stress. Ça peut aussi démocratiser le vélo. C’est un petit milieu. Plus on ouvre, plus c’est intéressant pour nous. »
Coup de jeune bienvenu
Démocratiser le vélo est devenu crucial et a été bien compris par les dirigeants du monde cycliste estime Pierre Carrey, journaliste spécialisé, qui chronique le Tour de France pour le quotidien suisse Le Temps et pour le site d’informations français Les Jours. « Bienvenue au nouveau public, bienvenue aux cyclix de Netflix ! » sourit-il. « Il y a eu les footix du foot, voilà les cyclix du cyclisme. On les accueille volontiers. Avant Netflix, il y a eu des jeux vidéo dédiés au vélo, qui copiaient le football, il y a une vingtaine d’années. Vous aviez votre équipe de vélo et essayiez de gagner des courses. Ensuite, une autre audience est arrivée par les paris en ligne. Là encore, c’est l’influence du foot. Aujourd’hui, c’est vrai que Netflix va accélérer la venue d’un nouveau public, qui n’est absolument pas connaisseur. Le problème du vélo, c'est que c’est un sport très secret, très fermé, très tactique et très ancien. Il peut être rebutant. Quand on regarde une étape du Tour on ne comprend pas tout. Netflix va aider à ça, et c’est ce que les organisateurs voulaient notamment aux États-Unis. Aujourd’hui, il n’y a plus de marché américain pour le vélo et le Tour de France. La Grande Boucle est un très grand événement, mais le vélo n’est pas un très grand sport. »
Le cyclisme est par exemple encore loin du football en terme de popularité. Et même si les routes du Tour sont jonchées d’un public toujours nombreux et passionné, les audiences télévisées sont vieillissantes. Netflix vient donc donner un petit coup de jeune bienvenu à la petite reine, poursuit Pierre Carrey. « Il y avait un besoin de rajeunissement, ça va sûrement convenir à tout le monde. C’est clair que le Tour de France n’est plus fait pour les spectateurs sur le bord des routes, car ils ne rapportent pas d’argent à l’organisation. Il a longtemps été fait pour les téléspectateurs, et ce qu’on voit arriver, c’est l’étape d’après : il est fait pour un public viral de réseaux sociaux. Pour moi, Netflix va finir de donner un nouveau visage au vélo. »
Les cyclix et les autres vont eux être comblés : une 2e saison est en tournage sur ce Tour de France 2023.
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