Guyane: le Haut-Maroni toujours en lutte contre l'orpaillage illégal
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Alors qu'Emmanuel Macron se rend en Guyane les 25 au 26 mars, dans le Haut-Maroni, au sud-ouest du département, la situation reste préoccupante face à l'orpaillage illégal. Il entraîne des conséquences sanitaires désastreuses. Plusieurs milliers d'habitants, notamment issus des communautés autochtones, sont exposés à la pollution au mercure.

De notre correspondante à Cayenne,
Après une demi-heure de pirogue, la crique Lipo-Lipo, l'une des plus exploitées de Guyane, se dévoile. L'eau y est trouble, presque opaque. Cette crique est à proximité des villages amérindiens bordant le fleuve Maroni, à la frontière avec le Suriname.
« Là, tu vois vraiment l'eau, ce n'est pas pareil que dehors, c'est carrément un peu sale », explique Linia Opoya, la présidente de l'Association des victimes du mercure du Haut-Maroni. Les orpailleurs sont loin ? « Ils sont très loin parce que petit à petit, s'il n'y a pas d'or, ils vont continuer jusqu'au bout », indique-t-elle.
Cette pollution est liée aux rejets de mercure. Ce produit toxique utilisé pour récupérer l'or contamine toute la chaîne alimentaire du Maroni, en particulier les poissons consommés par les Amérindiens. Leur exposition au mercure est trois à quatre fois supérieure aux recommandations sanitaires européennes. Cela entraîne de nombreux problèmes de santé, notamment pour le développement neurologique des enfants.
« Je vois les enfants qui ont du mal à parler. Il y a des enfants qui ne marchent pas, qui sont vraiment handicapés », décrit Linia Opoya.
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« On a l'impression que l'État ne fait rien »
Face à ce constat alarmant, six associations et deux habitants du Haut-Maroni ont saisi en janvier le tribunal administratif de Cayenne pour faire reconnaitre la « carence fautive » de l’État dans ce dossier. Michel Aloïké, chef coutumier de Taluen, en fait partie.
« L'orpaillage illégal, ça fait trente ans que ça existe. On a l'impression que l'État ne fait rien, déplore-t-il. J'ai l'impression que d'année en d'année, il y a plus de site qui se crée. Eux, ils disent qu'il y a une diminution, nous on dit non, parce que nous, on voit chaque jour. »
Les associations demandent à l'État de réparer le préjudice, de « mettre en place une nouvelle gouvernance sur le fleuve pour permettre à la population d'être impliquée dans la lutte contre l'orpaillage, mais aussi dans des programmes de santé, d'agriculture et d'économie locale, pour sortir de cette situation scandaleuse qui dure depuis beaucoup trop longtemps », insiste Marine Calmet, présidente de Wild Legal.
Emmanuel Macron ne se rendra pas dans la région du Haut-Maroni mais à Camopi, un village de l'est de la Guyane, où la lutte contre l'orpaillage a eu plus d'effets. Moins d'une vingtaine de sites y ont été recensés en 2023.
Webdocumentaire RFIGuyane: pour tout l’or de Maripasoula
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