Reportage international

Brexit: les exportateurs britanniques se préparent au pire

Publié le :

Les négociations se poursuivent à Bruxelles entre le Royaume Uni et l’UE pour trouver un accord commercial post-Brexit. Et malgré les rumeurs optimistes, à deux semaines de la fin de la période de transition, le 31 décembre, de nombreux secteurs britanniques sont toujours plongés dans l’incertitude, notamment les exportateurs. La société The Great British Porridge vend son porridge partout en Europe et ses responsables s’inquiètent de ne toujours pas savoir exactement ce qui les attend. Reportage à Worthing.

« L’heure tourne, tenez-vous prêts », rappelle le message gouvernemental aux entreprises britanniques, à 15 jours du Brexit.
« L’heure tourne, tenez-vous prêts », rappelle le message gouvernemental aux entreprises britanniques, à 15 jours du Brexit. Tolga Akmen AFP
Publicité

« L’heure tourne, tenez-vous prêts », ce message gouvernemental, Bethan Evans le connait par cœur. Et il provoque chez elle la même réaction agacée que beaucoup d’entreprises : « être prêts à quoi ? On ne peut pas se préparer avant de savoir ce qui nous attend… Nous avons fait attention à ce que nos formulaires, notamment nos factures soient à jour avec les bons codes etc. Mais tant qu’on ne connaîtra les termes de l’accord, on ne peut pas savoir quel type de documents il faudra fournir pour chaque pays et le temps passé à remplir ces documents a aussi un coût… »

La jeune femme est responsable des ventes internationales au sein de cette petite société installée dans la ville côtière de Worthing, près de Brighton. Créée il y a deux ans, The Great British Porridge s’est associée à The Protein Ball Cie pour produire une gamme de porridge et de snacks 100% naturels à base de céréales et de fruits. Les deux sociétés s’efforcent de se faire une petite place au milieu d’un marché européen très compétitif. Leurs exportations dans 15 pays de l’Union Européenne représentent 50% de leur chiffre d’affaire. Pour elles, le scénario catastrophe serait celui d’un no deal, et pour parer au pire, Matt Hunt, l’un des patrons du groupe nous explique au téléphone son Plan B : « Je me trouve dans la banlieue de Valence en Espagne. En cas de Brexit dur ou si ça devient difficile d’acheminer nos produits en Europe, je cherche un entrepôt et peut-être même à ouvrir une succursale ici pour maintenir notre présence en Europe. »

À écouter aussi : Brexit : inquiétudes des entreprises anglaises et européennes face à l’incertitude

Déjà fragilisés par les effets du Covid, les exportateurs savent que même en cas d’accord, expédier des produits sera plus cher et plus compliqué et ils craignent que ces frictions futures les obligent à augmenter leurs prix, les rendent moins compétitifs et leur fassent perdre des clients. Ils enragent d’être impuissants et loin des tractations à huis clos entre Londres et Bruxelles mais ne se résignent pas. « Nos ingrédients sont importés d’Europe et nous avons déjà subi des retards, nous avons en prévision fait des stocks et tâché de commander bien à l’avance pour ne pas être démunis, explique Bethan Evans. Nous aimons le marché européen, il est idéal pour nous, plein de potentiel et nous voulons continuer à nous développer au sein de l’UE… »

Leur seul vœu pour la nouvelle année : que le gouvernement de Boris Johnson les écoute plutôt que les brexiters, mette son orgueil dans sa poche et trouve un compromis pour permettre aux entreprises britanniques de gérer au mieux leur devenir en solitaire…

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes