Reportage international

Un nouveau camp de réfugiés ultra sécurisé sur l’île de Samos en Grèce

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En Grèce, sur l’ile de Samos, les autorités grecques ont ouvert cette semaine un nouveau camp de réfugiés d’une capacité de 3 000 places, financé par l’Union européenne, dont la structure rappelle celle d’une prison. Baptisé « centre fermé à l’accueil contrôlé », il est situé dans une cuvette isolée, à 15 minutes des routes de l’ancien camp de Vathy, la capitale de l’île, en cours de destruction.

Le camp de Samos servira de pilote pour les autres installations dites fermées et à accès contrôlé.
Le camp de Samos servira de pilote pour les autres installations dites fermées et à accès contrôlé. LOUISA GOULIAMAKI AFP
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De notre correspondant en Grèce,

Septembre 2020. Sur l’île grecque de Lesbos, le camp de réfugiés de Moria – longtemps le plus grand d’Europe et symbole des faiblesses des politiques migratoires européennes – disparait à la suite d’un incendie géant. Septembre 2021 : sur l’île de Samos, le camp de Vathy, sur le point d’être détruit, laisse place à un nouveau camp flambant neuf, isolé et étroitement surveillé. Un type de structures appelé à devenir la norme en Grèce, en remplacement des bidonvilles que sont les camps actuels.

« On voit l’air conditionné, on voit les beaux containers tout blancs, tout peints, tout propres… décrit Patrick Wieland, coordinateur de terrain pour Médecins sans frontières à Samos. En revanche on ne voit pas évidemment l’impact que ce genre de prisons – parce que c’est une prison, ni plus ni moins, il faut appeler les choses par leur nom – a sur le mental des personnes qui sont transférées là.

Comme c’est une prison, bien sûr, c’est régulé. Les entrées et les sorties sont régulées. Il y a même un système d’empreintes qui va être mis en place. Un système un peu comme dans les aéroports avec des portiques et des détecteurs de métaux. Il y a un système de télésurveillance, CCTV. Il y a un drone. Donc vraiment, il y a tout l’arsenal d’une prison digne de ce nom. »

Sa réputation de prison a précédé le nouveau camp, officiellement baptisé « centre fermé à accès contrôlé », avant même son ouverture. De quoi inquiéter les demandeurs d’asile de Vathy.

« Quand on dit le camp "fermé", ça fait peur à certaines personnes, explique ce jeune Malien, dont les affaires sont réunies dans quelques sacs à ses pieds et qui attend son transfert vers cette nouvelle structure. Parce que quand on dit le camp "fermé", les gens se posent des questions. Tu n’es pas un prisonnier, tu es un réfugié. Mais on dit quand même "camp fermé". On ne sait pas ce qu’est un camp fermé. C’est une prison ou bien c’est pour les immigrés ? Parce qu’on m’a dit que ça a été conçu comme une prison. »

Tenancier d’un café dans le village de Mythilinii, le plus proche du nouveau camp situé à 5 kilomètres de là, Emanouil Drinis, comme de nombreux habitants, trouve plutôt rassurante la sécurité affichée autour du camp. « Ils seront sous contrôle. C’est un point positif parce que dans le camp précédent, à Vathy, ils ne se souciaient de rien. Tout le monde faisait ce qu’il voulait et certains allaient la nuit dans les jardins ou les maisons. Pour moi, c’est une bonne chose qu’il existe un contrôle », affirme Emanouil Drinis.

Doté de dortoirs, de terrains de sport et d’aires pour les enfants, à l’ombre des barbelés, les autorités grecques présentent avec fierté ce camp de Samos, comme le début d’une nouvelle ère sur les îles. Ce type de nouveau camp, ultra-sécurisé et très surveillé, est appelé à se généraliser dans les années à venir sur les quatre autres iles grecques de la mer Égée qui accueillent des demandeurs d’asile. La construction de quatre autres camps similaires doit ainsi démarrer d’ici à 2022.

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