Combien coûte le « zéro Covid » en Chine ? Après avoir mesuré l’impact de la stratégie épidémique sur l’économie chinoise, RFI s’intéresse aux dépenses engagées par l’État et les collectivités pour les tests PCR à répétition des populations, cela alors qu’une campagne de dépistage massive démarre ce mardi 12 juillet à Shanghai.

De notre correspondant à Pékin,
Le sous-variant Omicron BA-5 est sur toutes les lèvres et dans tous les journaux depuis la découverte d’un nouveau foyer à Shanghai. Résultat : la cadence des tests Covid s’est accélérée ces derniers jours, nous dit cette Sino-Australienne venue de la capitale économique chinoise et rencontrée près d’une des innombrables stations à PCR de Pékin. « Je ne sais même pas pourquoi je suis là. Je suis venue, car je suis à l’hôtel en ce moment et j’ai reçu une alerte sur mon portable me demandant de faire un test. D’habitude, on fait un PCR toutes les 72 heures… C'est normal ici. »
Un test tous les 3 jours, c’est la nouvelle normalité de la Chine sous « Zéro Covid », avec ces images de longue file d’attente devant les stations de dépistage. « Depuis quelques jours, on doit faire un test toutes les 24 heures, c’est notre unité de travail qui le demande », dit madame Zhao, jointe à Shanghai. « Généralement, ce sont des points mobiles, des petites voitures spéciales pour les tests qui viennent dans notre quartier vers 16 h. La file d’attente peut paraître très longue sur le trottoir, mais généralement cela me prend moins d’une demi-heure. »
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294 milliards de yuans par an
Des tests obligatoires et gratuits. Certains dans les médias d’État ont sorti leur calculatrice. Si les plus de 500 millions d’habitants des villes dites de premier rang en Chine doivent effectuer un test toutes les 48h à raison de 3, 2 yuans (0,50 centime d’euros) le test, soit le prix plus bas appliqué sur le marché, alors on arrive à 294 milliards de yuans (42 milliards d’euros) par an. Mais ce n’est pas tout, il fait aussi payer les soignants volontaires…
Ce petit kiosque à PCR près du marché de la soie à Pékin fait des prélèvements de 7h30 le matin à 19h le soir. 2 000 fonds de gorge à gratter tous les jours, nous dit l’infirmière en chef. « Tous les tests sont gratuits bien sûr. On travaille pour un seul laboratoire, mais comme il n’a pas assez de personnels, l’entreprise passe par une agence d’intérim. On est payée à la journée et on manque de volontaires. Pékin, c’est grand, vous savez, il y a beaucoup de monde à tester et il faut au minimum un diplôme d’infirmier pour réaliser les tests. »
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Entre 1,3 et 1,8 % du PIB annuel chinois
Selon certaines fuites de presse, les agents testeurs en combinaison blanche seraient payés 10 000 yuans par mois (un peu moins de 1 500 euros par mois), a raison de trois personnes par kiosque PCR, qui paye la facture ? À côté d’un point PCR du centre des affaires, une tortue accrochée à un fil au bout d’un balai. L’animal a soi-disant été trouvé sur un chantier par le gardien, qui lui aussi à son avis sur les tests gratuits. « Moi, je viens du Henan, dans le centre du pays, où je devais payer 38 yuans pour passer mes tests dans mon village l’année dernière », confie-t-il. « Aujourd’hui, c’est 16 yuans le test, toutes les provinces ne peuvent pas le réaliser et la tortue, elle, n’en a pas besoin. »
Des tests pour la vie, du moins tant que le virus est toujours là. Le « Zéro Covid », la santé des Chinois quoiqu'il en coûte, à un coût que seul la deuxième économie du monde peut s’offrir. Entre 1,3 et 1,8 % du PIB annuel chinois, rien que pour les tests à répétition de la population, selon les analystes des cabinets Soochow Securities et la banque Nomura.
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