Revue de presse Afrique

À la Une: l’Afrique face à la guerre en Ukraine

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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky lors d'une intervention filmée, le 25 février 2022.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky lors d'une intervention filmée, le 25 février 2022. © REUTERS/UKRAINIAN PRESIDENTIAL PRESS SE
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À commencer par la presse au Mali, où, dans les kiosques ce matin (ou sur Internet, c’est selon), le lecteur découvrira un visage inattendu sous ces latitudes, celui du président ukrainien Volodymyr Zelensky, côtoyant celui, plus familier ici, de Vladimir Poutine.

Sur celle de Malikilé, par exemple, c’est un président russe tout sourire qui apparait sur fond d’image de colonnes de fumée s’élevant dans le ciel après un bombardement. « La Russie passe à l’acte », lance sobrement « la Une » de Malikilé. « En moins de 24 heures, Vladimir Poutine a remporté, sans coup férir, d’importantes victoires militaires », énonce ce journal malien. Comme le souligne-t-il encore, cette offensive éclair a provoqué, ainsi qu’on pouvait s’y attendre, « une panique des populations civiles et conduit sur les routes plus de 100.000 déplacés dont certains chercheront refuge dans des pays européens voisins. Ceux-ci, malgré leurs coups de menton, ouvriront-ils grandement leurs frontières ou vont-ils se barricader face à ces nouveaux "migrants" ? », se demande Malikilé.

Quand les éléphants piétinent l’herbe

Inquiétude de la presse également au Burkina Faso voisin. Témoin Wakat Sera. Lequel journal souligne le paradoxe de cette guerre « si loin mais si proche de l’Afrique ! ». Laquelle Afrique demeure « fortement liée » aux États-Unis comme à l’Europe, complète ce quotidien ouagalais, selon lequel « nul doute que les canons qui vont tonner à Kiev, Kharkiv ou Odessa, auront des échos aussi dramatiques sous les tropiques où des pays seront d’ailleurs poussés à prendre position dans cette guerre inquiétante pour l’ensemble de la planète. Comme le dit le proverbe bien africain, "quand les éléphants se battent, c’est l’herbe qui en pâtit", soupire Wakat Sera. C’est donc en toute logique que les Africains craignent la 3e guerre mondiale », redoute ce journal burkinabè.

Le modèle Poutine en Afrique

Même tonalité au Sénégal, où les titres de la presse parfois s’enflamment. Celui du quotidien EnQuête en est un bon exemple. « Au bord du chaos ! », lance ce journal dakarois. En page intérieure, toutefois, le lecteur découvrira que le chaos ici redouté n’est autre que le « chaos économique ». Passant en revue « des produits comme le pétrole, le gaz, le blé » à présent « sous la menace », écrit-il. EnQuête souligne que ce conflit a beau se passer « à des milliers de kilomètres », il pourrait avoir « des impacts dévastateurs ».

Justement. « Quelles répercussions sur l’Afrique », se demande aussi Le Pays, au Burkina Faso. Comme l’enjoint ce quotidien ouagalais, l’Afrique « aurait tort de ne pas se sentir concernée par cette guerre qui se déroule à mille lieues de chez elle ». Mais au-delà des impacts économiques potentiels de ce conflit, Le Pays se demande aussi « quel impact une telle incursion militaire de la Russie en Ukraine, pourrait avoir sur l’image d’un Poutine qui ne manque pas d’admirateurs sur le continent africain où de plus en plus d’opinions revendiquent la liberté, pour les pays africains, de choisir leurs partenaires. Ce en raison d’une volonté de rupture avec l’ordre ancien souvent soupçonné de néo colonialisme ».

Les repliés du Maghreb

Autre répercussion potentielle à ce conflit armé en Ukraine, le rapatriement des ressortissants africains résidents en Ukraine. Des étudiants, essentiellement. Vrai casse-tête pour les pays du Maghreb, le repli de leurs ressortissants en Ukraine est en cours d’organisation, signale Jeune Afrique. Parmi eux, 1500 Tunisiens, qui se sentent « livrés à eux-mêmes, au cœur d’une guerre qui ne les concernent pas », pointe le site de ce journal panafricain. Problème, la Tunisie ne dispose pas d’une ambassade à Kiev. Les Tunisiens d’Ukraine doivent se signaler à leur ambassade à… Moscou ! « Le gouvernement tunisien négocie actuellement avec la Roumanie l’autorisation d’acheminer les ressortissants tunisiens par bus depuis la frontière ukrainienne jusqu’à un aéroport roumain d’où ils pourraient décoller pour Tunis », signale Jeune Afrique. Pour les Marocains d’Ukraine, c’est pire, puisqu’ils sont 10 000 !

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