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À la Une: le procès Sankara, un verdict pour l’histoire

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Un tribunal de Ouagadougou a condamné l'ancien président burkinabé Blaise Campaoré à la prison à vie pour le meurtre en 1987 de Thomas Sankara, le leader révolutionnaire inspirant dont la mort a marqué l'histoire récente du Burkina Faso.
Un tribunal de Ouagadougou a condamné l'ancien président burkinabé Blaise Campaoré à la prison à vie pour le meurtre en 1987 de Thomas Sankara, le leader révolutionnaire inspirant dont la mort a marqué l'histoire récente du Burkina Faso. © Muigwithania/Wikimedia, CC BY-NC
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« Qui l’eût cru ? », lance WakatSéra. « Alors que tout espoir semblait volatilisé de voir entamé et abouti un procès sur le coup d’Etat sanglant de ce jeudi noir d’octobre 1987, la providence a servi aux Burkinabè, un de ses clins d’œil dont elle a, seule, le secret. (…) La barque de la justice est allée jusqu’au terminus. Historique a été, à tout point de vue, le procès de l’assassinat de Thomas Sankara et douze de ses compagnons, à l’issue duquel l’ancien président du Faso, Blaise Compaoré, l’adjudant Hyacinthe Kafando et le général Gilbert Diendéré ont ramassé perpète. »

En effet, poursuit le site d’information burkinabé, « de sa tenue qui a duré 6 mois, jusqu’au verdict (…), en passant par le défilé des 110 témoins, le jugement attendu pendant 35 interminables années, aura été historique, non seulement pour la justice, mais pour tout un peuple du Burkina et une jeunesse africaine pour lesquels le père de la révolution burkinabè était une véritable figure iconique. (…) Et la meilleure manière de parfaire cette justice rendue au fringant capitaine, pointe encore WakatSéra, serait de mettre en pratique ses idées (…) : Thomas Sankara avait su donner l’exemple en prônant des valeurs certaines, que ce soit dans la mise en avant de la dignité du Burkinabè et de l’Africain, que ce soit dans la lutte acharnée contre la corruption, que ce soit sur le plan de l’environnement, que ce soit dans le domaine de l’agriculture, que ce soit dans la culture du 'consommons ce que nous produisons', que ce soit au niveau du système éducatif qu’il a toujours voulu performant pour les jeunesses burkinabè et africaine, que ce soit dans la promotion de la femme, et tutti quanti. »

Vers la réconciliation nationale ?

« Si la sentence tombée hier à la salle des Banquets de Ouaga 2000 peut être perçue comme la plus attendue dans l’histoire judiciaire de notre pays, il convient néanmoins d’y mettre un bémol » : c’est ce qu’estime L’Observateur Paalga.

« Maintenant que justice est enfin rendue à l’icône panafricaine de la lutte contre l’impérialisme, on comprend le soulagement légitime qui peut être celui de sa famille (…). Mais, tempère le quotidien burkinabé, on ne sait pas encore si les sentences prononcées vont contribuer à l’impératif de réconciliation nationale que tout le monde appelle de ses vœux. Au demeurant, si la galaxie sankariste a obtenu justice, il ne faut pas oublier les nombreuses causes orphelines qui n’ont ni avocats, ni comité international, ni chapelles politiques, ni artistes engagés pour être entendues. Nous pensons là notamment aux différents crimes de sang qui ont aussi émaillé le court règne de Thomas Sankara. »

Oui !

Pour le quotidien Aujourd’hui , a contrario, le Burkina Faso est sur la voie de la réconciliation… « Les juges sont allés au maximum du droit pénal burkinabè qui a supprimé la peine de mort. Ils sont allés plus loin que les réquisitions du procureur militaire (…). Le triptyque vérité-justice et réconciliation se précise. Reste à esquisser les contours de cette dernière qui cimentera la cohésion sociale. La justice a fait sa part de boulot, reste aux politiques de trouver le troisième maillon, le bon. (…) Par ce procès et ce verdict, le Burkina Faso a prouvé que le crime politique paie de moins en moins en Afrique. Il faut jouer la transparence avec le peuple. Tous les dirigeants devraient vider leurs contentieux avant de partir, sinon gare au retour de bâton. »

Pas besoin de la justice internationale…

La persévérance a payé, conclut Sidwaya . Pour le quotidien burkinabé, « ce jugement démontre à suffisance que les Africains sont capables d’organiser un procès de cette envergure sans le besoin de recourir à une quelconque juridiction internationale, comme la Cour pénale internationale. Nul ne saurait être au-dessus de la loi, c’est aussi l’enseignement que l’on peut tirer de ce procès. Il prouve que la lutte, la ténacité, la persévérance finissent par payer, quelles que soient les embûches dressées par les maîtres du moment. Et, dans un contexte où le Burkina Faso demeure résolument engagé sur le chemin de la réconciliation, la fin de ce procès contribuera à tourner les pages sombres de notre histoire et à privilégier les sentiers de la cohésion sociale. »

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