Revue de presse Afrique

À la Une: la COP27, l’Afrique sera-t-elle entendue?

Publié le :

La COP27 s'est ouverte à Charm el-Cheick en Égypte dimanche 6 novembre.
La COP27 s'est ouverte à Charm el-Cheick en Égypte dimanche 6 novembre. REUTERS - THAIER AL-SUDANI
Publicité

Le constat est simple, s’exclame WalfQuotidien au Sénégal : « l’Afrique est le continent le plus vulnérable au changement climatique, alors qu’elle ne contribue qu’à hauteur de 3 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. C’est l’injustice qu’elle va encore tenter de faire réparer. »

Une injustice dénoncée par le philosophe sénégalais Souleymane Bachir Diagne, dans Le Monde Afrique : « l’urgence climatique est une réalité, affirme-t-il. Le continent souffre et cela va s’accentuer. Nous voilà revenus à cette grande ligne d’injustice entre le Nord et le Sud que décrivait Léopold Sedar Senghor, observe le philosophe. Mais il ne faudrait pas que l’inégalité s’ajoute à l’inégalité et que le Nord s’arroge le droit de dicter au Sud ce qu’il doit faire dans une nouvelle définition du développement compatible avec la préservation de la planète. Le moment est venu d’en finir avec cela. Il n’y a pas de grands et de petits pays dans cette crise à nulle autre pareille, poursuit Souleymane Bachir Diagne. L’Afrique ne doit pas se laisser imposer des choix, mais elle ne doit pas non plus se soustraire à la responsabilité de se sentir concernée par l’avenir de la planète. Le dérèglement climatique nous donne l’opportunité de faire humanité ensemble pour sauver notre maison commune, veut espérer le philosophe. Pour cela, le monde doit dépasser ses divisions tribales. »

C’est en effet l’un des grands enjeux de cette COP27 en Égypte, pointe L’Intelligent à Abidjan : « l’Afrique est-elle, aujourd’hui, suffisamment unie pour parler d’une seule voix, tenir un discours direct et se faire entendre, face à l’égoïsme des puissances planétaires et des pays riches qui, eux, défendront leurs propres intérêts ? Une chose est certaine, l’Afrique, qui paie déjà très cher les conséquences du réchauffement climatique, dont elle n’est pas responsable, ne veut pas sacrifier son développement. » Pour le président de la COP 15, l’Ivoirien Alain-Richard Donwahi, cité par L’Intelligent, « "la fragilité des économies africaines ne leur permettra pas, financièrement, d’assurer en même temps le développement économique du continent et de mettre en œuvre les stratégies d’adaptation à l’urgence climatique." Le paradoxe, poursuit le quotidien ivoirien, est que les pays africains les plus pauvres devront s’endetter pour assurer leur développement et répondre à l’urgence climatique, ce qui est économiquement insoutenable et moralement inacceptable. »

Des aides « 5 à 10 fois inférieures aux besoins estimés »

Alors, « la voix de l’Afrique sera-t-elle entendue ? », s’interroge en écho Le Pays au Burkina Faso. « On se souvient que l’Accord de Paris avait souligné la nécessité d’investissements à grande échelle pour réduire les émissions de gaz à effets de serre, de manière significative. Et de façon plus précise, que les pays développés devaient prendre l’initiative d’apporter une aide financière aux pays moins bien dotés et plus vulnérables aux conséquences du changement climatique. (…) Au bilan, on se rend compte que les flux financiers internationaux pour l’adaptation au climat vers les pays en développement ont été 5 à 10 fois inférieurs aux besoins estimés. Donc des promesses à la pelle d’hier, on n’en a récolté que du vent ; l’éléphant est arrivé aujourd’hui avec un pied cassé. Si fait que l’on est en droit de se demander si ces conférences sur le climat se suivent et se ressemblent. »

En tout cas, pointe encore Le Pays, « le continent a posé sur la table de la COP 27 sa feuille de route en guise de piqûre de rappel. En juillet dernier, la Fondation Mo-Ibrahim faisait le plaidoyer pour positionner l’Afrique dans le débat global sur le climat en trois axes : prendre en compte la vulnérabilité spécifique de l’Afrique ; répondre au droit des populations africaines à l’accès à l’énergie ; mettre en évidence le potentiel de l’Afrique pour le développement d’une économie verte à l’échelle mondiale. Encore une fois, s’interroge Le Pays, la voix de l’Afrique sera-t-elle entendue à Charm-el-Cheikh ? (…) Une certitude se dégage : si ceux qui exploitent l’énorme potentiel de l’Afrique, pensent que le sort de ce continent n’est pas leur "affaire", ils ont tout faux. Car, ils ne vont pas échapper, eux non plus, au "carnage climatique" auquel ils exposent, consciemment et de manière égoïste, le continent noir. »

 À lire aussi :

Ouverture de la COP27 en Égypte, les «pertes et dommages» mis à l’agenda des négociations

Climat: comprendre les pertes et dommages, grande attente du Sud à la COP27 (1/2)

Pertes et dommages dus au changement climatique: que faut-il attendre de la COP27? (2/2)

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes
  • 04:29
  • 04:00
  • 04:11
  • 04:13
  • 04:10