À la Une: en Tunisie, les arrestations laissent la place aux condamnations
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![[Image d'illustration] Le chef du mouvement tunisien Ennahdha Rached Ghannouchi, le 21 février 2023 à Tunis.](https://s.rfi.fr/media/display/15a92472-dde2-11ed-bead-005056a90284/w:1024/p:16x9/000_339P89H.jpg)
Une centaine de journalistes ont marché le 18 mai à Tunis pour protester contre la condamnation, cette semaine, du correspondant de Mosaïque FM. Cinq ans de prison ferme pour avoir refusé de révéler l’identité de sa source – « la base du métier » rappelle Le Point Afrique, qui voit dans cette décision « la preuve que la Tunisie démocratique (…) rogne peu à peu tous ses acquis ». Même analyse pour La Presse de Tunisie, le site souligne, amer, que « jamais un journaliste, par le passé, n’avait écopé d’une peine pareille pour avoir tout bonnement exercé son métier ».
Il y a quelques jours, une autre condamnation des plus symboliques est tombée : celle de Rached Ghannouchi, le leader d’Ennahdha, sanctionné par contumace. Les cas sont nombreux, « après les arrestations (…) le temps des condamnations a sonné », assène Le Point. L’hebdo croit savoir que « côté juges, on subit la pression présidentielle ». Et enfonce le clou : « Kaïs Saïed a prévenu : ceux qui libéreraient les inculpés seraient à leur tour poursuivis. »
De quoi alarmer La Presse qui porte des yeux inquiets « face à ce qui se passe contre la liberté de la presse, mais aussi à l’égard de toute forme d’expression ». Des prises de parole muselées, une partie de l’opinion est « tétanisée », décrit Le Point Afrique, « la répression et l’autocensure fonctionnent à plein pour le régime de Kaïs Saïed ». Au point que l’hebdo croit reconnaître des effluves bien connus « il flotte, flaire-t-il, comme un parfum du système algérien sur la Tunisie ».
Abdelmadjid Tebboune loin du sommet de Djeddah
La ville saoudienne accueille ce vendredi 19 mai le 32e sommet de la Ligue arabe avec en toile de fond, le conflit au Soudan. Abdelmadjid Tebboune en sera absent et pour cause analyse TSA : « L’Algérie n’a pas apprécié le fait que Riyad ne l’ait pas associée dans la préparation du sommet de Djeddah. » Et pour ajouter de l’huile sur le feu, la Syrie est revenue à la table de la Ligue arabe après 12 ans d’absence. Un retour rendu possible, selon le site, par « le travail diplomatique effectué par l’Algérie ». Sauf que « l’Arabie saoudite veut apparaître comme le pays qui a validé ce retour », afin de renforcer sa place dans la région, croit savoir la publication. Et, elle aurait, pour les mêmes raisons, préféré « se consulter avec ses alliés proches sans prendre le risque d’inviter des pays qui pourraient lui faire un peu d’ombre » dans les négociations autour du conflit au Soudan.
Tentative de médiation concernant l’invasion russe en Ukraine
Une initiative qui fait encore réagir la presse du continent ce vendredi 19 mai. Aujourd’Hui au Faso revient par exemple sur ce « pari fou », celui du Français Jean-Yves Ollivier, diplomate à la tête de la Fondation de Brazzaville, qui compte, rappelle le site, « mener avec six chefs d’État une médiation dans le conflit meurtrier Russie-Ukraine ». « Chiche ! », ironise Aujourd’hui. Mais ce rêve « frôle la folie » car « nombreux sont ceux qui se sont cassé les dents », y compris la Chine. Et le projet est d’autant plus difficile à imaginer que, souligne Le Monde Afrique, les « belligérants ne donnent aucun signe d’apaisement propice au dialogue ». Et la confiance de l’Ukraine dans le processus semble d’autant plus fragile que l’Afrique du Sud en fait partie. Or comme le rappelle le quotidien, « les cercles du pouvoir sud-africain » entretiennent une certaine proximité avec Moscou.
Qu’importe ! Aujourd’hui au Faso se prend à rêver à son tour et imagine déjà « un titre pour les livres d’histoire », pourquoi pas même « celui d’une fresque cinématographique qui pourrait s’intituler six Africains pour la paix Russie-Ukraine ».
Un important « pedigree diplomatique »
Soudan, Comores, République démocratique du Congo ou Afrique du Sud : autant de pays où Jean-Yves Ollivier a transporté son expertise. Un « vieux briscard rompu aux arcanes diplomatiques » comme le décrit Aujourd’hui au Faso qui estime encore que « le secret de la réussite » de Jean-Yves Ollivier, « c’est sa discrétion, et c’est sans tambours ni trompettes qu’il a rondement mené ses précédents coups ». Mais le journal calme ses propres ardeurs : « Ne rêvons pas trop déjà », soupire t-il en conclusion.
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