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À la Une: comment sortir de l’impasse au Sénégal?

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Des personnes passent devant un membre des forces de sécurité lors des affrontements avec les partisans du leader de l'opposition sénégalaise Ousmane Sonko, après la condamnation de ce dernier à la prison, à Dakar, Sénégal, le 3 juin 2023.
Des personnes passent devant un membre des forces de sécurité lors des affrontements avec les partisans du leader de l'opposition sénégalaise Ousmane Sonko, après la condamnation de ce dernier à la prison, à Dakar, Sénégal, le 3 juin 2023. © REUTERS - ZOHRA BENSEMRA
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Malgré les restrictions d’accès à internet, la tension est toujours vive au Sénégal sur les réseaux sociaux et dans la presse en ligne… Certains, à l’instar du Quotidien, dénoncent l’impunité de l’opposant Ousmane Sonko ainsi que sa stratégie du chaos : « Ousmane Sonko veut une guerre civile », affirme ainsi Le Quotidien. D’autres, comme Dakar Matin, dénoncent une censure des médias de la part du pouvoir et une volonté d’instaurer une dictature qui existerait déjà dans les faits… Qui plus est, « pouvoir et opposition se renvoient la responsabilité des violences qui ont fait au moins 16 morts », pointe Le Monde Afrique. « Selon Abdoulaye Seck, responsable d’Amnesty International au Sénégal, qui travaille à identifier les victimes et les causes de leur décès, la plupart des manifestants sont morts après des tirs à "balles réelles". Le Pastef, parti dirigé par Ousmane Sonko, a rapidement dénoncé l’organisation de "la répression sanglante de Macky Sall et de ses milices illégales", tout en appelant toujours à la démission du chef de l’État. »

De son côté, poursuit Le Monde Afrique, « le gouvernement sénégalais a lancé une contre-offensive médiatique face au lourd bilan des manifestations. Le ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome, a dénoncé des "attaques de la part de forces occultes" et une "influence étrangère", refusant de donner davantage d’information "pour des raisons de sécurité". »

Risque d’embrasement…

Certes, constate pour sa part Jeune Afrique, « la police nationale a accusé des "civils armés" de se battre aux côtés des manifestants lors des heurts qui ont suivi la condamnation d’Ousmane Sonko. Mais, assure le site panafricain, des images prouvent que certains d’entre eux évoluent aux côtés des forces de l’ordre. »

On revient au Monde Afrique qui cite ces propos de Seydi Gassama, directeur exécutif de la section d’Amnesty International Sénégal : « le pire est sûrement devant nous, affirme-t-il. Si Ousmane Sonko est interpellé et envoyé en prison ou si le président Sall annonce sa candidature à un troisième mandat, le pays pourrait bien s’enflammer. »

Quelle solution ?

Alors comment sortir de l’impasse ? Le Monde Afrique toujours s’interroge : « qui peut tenter de calmer le jeu ? Sur le plan régional, l’autorité morale de la Cédéao est à genoux, fauchée par les entorses démocratiques d’une partie de ses membres : coups d’État militaires au Mali, au Burkina Faso et en Guinée, troisième mandat controversé d’Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire. La France, l’ancienne puissance coloniale, reste en retrait et les États-Unis semblent jouer la carte de la continuité. Que les poursuites judiciaires contre les uns et les autres soient justifiées ou non importe peu aux opposants et à une grande partie de l’opinion publique qui dénoncent une justice sélective. Ce sentiment, estime encore le journal, traduit l’affaiblissement des institutions démocratiques sénégalaises et des personnalités qui l’incarnent. Au premier rang desquelles figure Macky Sall, qui devrait pourtant être le garant de la stabilité de ce pays si prompt à vanter son modèle démocratique. »

Troisième mandat : Macky Sall doit mettre un terme au suspense

« Sénégal : comment sortir de l’engrenage ? », s’interroge également Ledjely en Guinée. Les cartes sont entre les mains de Macky Sall, estime le site guinéen. « Si le président sénégalais venait à annoncer qu’il ne briguerait pas ce fameux troisième mandat, il désamorcerait en grande partie la crise. Certes, il l’aura fait plutôt tardivement, mais il priverait ainsi beaucoup de ceux qui battent le pavé de leur légitimité. Les faiseurs de paix du Sénégal et du reste du monde devraient donc le convaincre d’emprunter une telle voie. Il en va de la paix et de la quiétude au Sénégal et du maigre espoir qui reste à l’Afrique de l’ouest. » Analyse similaire pour Le Pays au Burkina Faso : « au regard des dégâts humains et matériels déjà enregistrés et afin d’éviter au Sénégal une déflagration généralisée en cas d’arrestation de Sonko, le président sénégalais devrait faire baisser la tension en commençant par mettre un terme au suspense sur sa candidature au prochain scrutin. »

Enfin, L’Observateur Paalga enfonce le clou avec cette remarque : « briguer un troisième mandat est-il politiquement correct de la part de Macky Sall, lui qui dans les mêmes circonstances en 2011 avait appelé ses compatriotes à descendre dans la rue contre Abdoulaye Wade ? »

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