À la Une: un projet de nouvelle Constitution taillé sur mesure en Centrafrique
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Une nouvelle constitution qui va permettre au président Faustin-Archange Touadéra de briguer un troisième mandat, ce que lui interdisait la précédente loi fondamentale. Le vote a été fixé au 30 juillet. Et le texte a été officiellement remis lundi, relève le site Oubangui Médias, « par Faustin-Archange Touadéra au directeur national de campagne Evariste Ngamana à l’Assemblée nationale, en présence de diplomates, des députés, des membres du gouvernement et de plusieurs citoyens venus à cette cérémonie. (…) Cette nouvelle Constitution, tant attendue, pointe Oubangui Médias, stipule (donc) en son article 67 que : "le président de la République est élu au suffrage universel direct et au scrutin secret majoritaire à deux tours pour un mandat de sept ans renouvelable". »
Les compteurs remis à zéro
L’opposition pour sa part est vent debout… En effet, relève Oubangui Médias, « pour l’opposition centrafricaine, soutenue par certaines organisations de défense des droits de l’Homme et de la société civile, cette nouvelle constitution ouvre grandement la porte à un autre mandat, le troisième pour le président Faustin-Archange Touadéra, même si ce dernier ne s’est pas encore réellement prononcé sur un mandat supplémentaire après 2025. Les caciques du pouvoir soutiennent l’idée d’une remise à zéro des compteurs après l’adoption de la nouvelle constitution. Ce qui fait monter la tension politique. »
Un long bras de fer
Le bras-de-fer engagé par le pouvoir pour l’adoption de cette nouvelle loi fondamentale durait depuis des mois… C’est ce que rappelait récemment Le Monde Afrique : « en septembre dernier, le président Touadéra avait essuyé un revers juridique quand la Cour constitutionnelle avait annulé l’un de ses décrets mettant en place un comité chargé de rédiger une nouvelle constitution. La Cour invoquait notamment le fait que le Sénat, chambre haute du Parlement et prévu dans la précédente Constitution, n’avait toujours pas été mis en place. Le pouvoir avait alors mis à la retraite d’office en janvier dernier la présidente de la Cour constitutionnelle, Danièle Darlan, principale artisane de l’invalidation. Et le Mouvement cœurs unis (le MCU) de Faustin-Archange Touadéra, archi majoritaire à l’Assemblée nationale avec l’appoint de partis satellites, avait multiplié les manifestations pour fustiger la juridiction suprême et réclamer une nouvelle Constitution par voie référendaire. »
Touadéra sur les traces de Bokassa ?
Et maintenant, c’est chose faite… Le texte de la nouvelle constitution centrafricaine est désormais public et le référendum aura donc lieu le 30 juillet. Le Pays au Burkina Faso s’insurge : « le président Touadéra s’emploie à s’ouvrir un boulevard vers une présidence à vie ! De quoi faire sourire outre-tombe un certain autre "président à vie", Jean-Bedel Bokassa ! Qui saurait arrêter l’Archange Touadéra, s’exclame le quotidien ouagalais, qui s’emploie à dominer de ses puissantes ailes le ciel et la terre centrafricains aux fins de ne laisser personne contrarier ses plans "pouvoiristes" ? Ainsi va la République centrafricaine, soupire encore Le Pays, avec ses dirigeants aussi mégalos les uns que les autres qui n’ont toujours perçu l’exercice du pouvoir que par le petit bout de la lorgnette de leurs intérêts personnels, égotistes et égoïstes ! Comme bien de ses prédécesseurs, Touadéra ne s’imagine plus une autre vie en dehors du pouvoir. (…) En RCA, l’alternance au sommet de l’État pourra ainsi toujours attendre, souffle encore le quotidien burkinabé. C’est, hélas, vers ce scénario que Bangui s’achemine tout doucement. »
Wagner : partir et… revenir ?
Enfin, d’après Jeune Afrique, plusieurs centaines de mercenaires du groupe Wagner auraient quitté la Centrafrique ces derniers jours… Jusqu’à « 500 ou 600 hommes », précise le site panafricain. « De source proche du groupe d’Evgueni Prigojine, ces mercenaires répondent à une convocation de leur état-major. Sous la pression du Kremlin, Wagner s’apprêterait (en effet) à revoir son organisation et à signifier à ses hommes qu’ils répondront désormais du ministère de la Défense russe. Les troupes – ou une partie d’entre elles – devraient ensuite revenir en Centrafrique. »
Bien évidemment, poursuit Jeune Afrique, « l’avenir du groupe Wagner intéresse au plus haut point le gouvernement centrafricain et le président Faustin-Archange Touadéra. Celui-ci compte en effet sur cet allié – qui dispose encore de 800 à 900 hommes dans le pays après les récents départs – pour sécuriser certaines régions du pays mais aussi le référendum du 30 juillet. Il pourrait donc devoir revoir ses plans. »
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