Revue de presse Afrique

À la Une: les émeutes contre la vie chère au Kenya…

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Des manifestants font un geste après que la police a utilisé des gaz lacrymogènes pour les disperser lors d'une manifestation contre le projet de loi de finances 2024/2025 du Kenya à Nairobi, Kenya, le 25 juin 2024.
Des manifestants font un geste après que la police a utilisé des gaz lacrymogènes pour les disperser lors d'une manifestation contre le projet de loi de finances 2024/2025 du Kenya à Nairobi, Kenya, le 25 juin 2024. REUTERS - John Muchucha
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Le chaos hier aux abords du parlement à Nairobi. Des manifestants qui protestaient contre la réforme des finances initiée par le président Ruto, ont investi le bâtiment.

Les photos à la Une du site internet du quotidien The Standard sont éloquentes : une foule compacte devant le parlement partiellement en flammes ; un député hagard devant un camion de police incendié ; et la main de cet homme pleine de douilles ramassées au sol… La police a en effet tiré à balles réelles. Le bilan est lourd : au moins 5 morts et plus d’une trentaine de blessés.

Hier le Nation à Nairobi avait prévenu : « déjà par le passé, plusieurs milliers de manifestants ont été tués ou blessés. Selon l’article 37 de la constitution, rappelle le quotidien kenyan, “toutes les personnes ont le droit, pacifiquement et sans arme, de se rassembler et de manifester“. Cependant, ce à quoi nous avons assisté ces derniers jours, c’est à une brutalité policière flagrante. Les policiers doivent cesser de recourir à une force excessive contre des manifestants pacifiques. Un véritable dialogue et des négociations sont nécessaires pour sortir de l’impasse et forger l’unité pour la stabilité et la prospérité nationales. »

Un appel qui n’a donc pas été entendu…

Trop de taxes…

Comment une manifestation pacifique a-t-elle pu ainsi dégénérer en émeute ?

D’après un manifestant joint par téléphone par Le Monde Afrique, « le rassemblement s’est essentiellement “déroulé dans le calme“ et le mot d’ordre n’était pas initialement d’entrer dans le Parlement. “Mais les gens se sont énervés face à la violence policière“, affirme-t-il. “A un moment, il y avait beaucoup de gaz lacrymogènes, j’ai vu du sang, des corps par terre et des gens courir vers le Parlement“. »

Au cœur de la contestation, donc, les réformes menées par le chef de l’Etat, élu il y a moins de deux ans : « la nouvelle proposition de loi de finances pour 2024-2025 a mis le feu aux poudres, pointe Le Monde Afrique. Elle ajoute une série de taxes (TVA de 16 % sur le pain, taxe annuelle de 2,5 % sur les véhicules particuliers notamment) aux budgets déjà très serrés des citoyens. (…) L’Etat s’est défendu en martelant qu’il visait à éviter un défaut sur la dette grandissante du pays.

Colère…

Mais, relève encore Le Monde Afrique, les Kényans, dont un tiers vit sous le seuil de pauvreté, ressentent avec colère ces mesures d’austérité, tandis que l’Etat affiche un train de vie jugé dispendieux. En deux ans, la State House a été rénovée à grands frais, la flotte de voitures officielles a été renouvelée, les postes gouvernementaux ont été multipliés. Fin mai, William Ruto a loué pour sa délégation un coûteux jet privé pour un voyage d’Etat à Washington. “Je pense que les gens ont atteint leur limite, notamment les jeunes“, analyse la chercheuse et essayiste Nanjala Nyabola, citée par le journal. La jeunesse, et notamment la Génération Z (née après 1997, ultra-connectée), est au cœur du mouvement actuel. Un fait inédit au Kenya, où les manifestations ont traditionnellement été organisées ces dernières décennies par des partis politiques, souvent prompts à payer des participants venus des quartiers déshérités pour y participer. »

Les jeunes à la pointe du mouvement…

« La génération Z en quasi insurrection », titre justement le quotidien Aujourd’hui au Burkina Faso : « ce qui reste au travers de la gorge de cette jeunesse connectée, c’est l’instauration des taxes qui plombent davantage son quotidien déjà guère reluisant. “Occupy parliament“, c’est le nom de ce mouvement viral sur la toile : “occuper le parlement“ ou encore “Return Ruto“ : “dégage Ruto“, sont autant de slogans de cette génération Z qui fait injonction au gouvernement de retirer ce projet de loi. (…) Déjà que l’inflation grimpe à plus de 5%, pour les 54 millions de Kenyans, c’en est trop ! »

Il est vrai que la situation économique du pays s’est dégradée, relève le site Afrik.com : « depuis plusieurs mois, le Kenya traverse une période économique particulièrement difficile. La dépréciation du shilling kenyan, combinée à une inflation galopante, a considérablement réduit le pouvoir d’achat des citoyens. Les prix des denrées alimentaires de base ont doublé, tandis que les coûts de l’énergie et des transports ont atteint des sommets historiques. 

Cette situation a poussé de nombreuses familles dans une précarité accrue, exacerbant les tensions sociales. »

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