À la Une: la volte-face du président Ruto au Kenya…
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![[Image d'illustration] Le président du Kenya, William Ruto, s'exprimant lors d'un discours à la nation sur la crise des inondations à la State House à Nairobi, le 3 mai 2024.](https://s.rfi.fr/media/display/de156bb8-1447-11ef-a579-005056bfb2b6/w:1024/p:16x9/000_34QP6W6.jpg)
« Deuil, douleur et chagrin », lance le Standard à Nairobi après la terrible répression policière des manifestations d’avant-hier. Des manifestations qui « ont fait au moins 23 morts dans tout le pays, pointe le journal, dont 18 à Nairobi, et 1 à Mombasa, Isiolo et Kakamega. Des chiffres fournis par la Commission nationale des droits de l’homme du Kenya. »
Finalement, poursuit le Standard, « après des semaines de grandiloquence, le président William Ruto a cédé hier à la pression populaire, en choisissant de ne pas signer le projet de loi de finances controversé, à l’origine des manifestations dans tout le pays après son adoption au Parlement. »
Alors « que va-t-il se passer maintenant ? » s’interroge le quotidien kényan. « Le projet de loi de finance est renvoyé à l'Assemblée nationale », mais les députés sont « actuellement en vacances. (…) Une session extraordinaire du Parlement devra donc être convoquée. Et une majorité des deux tiers sera nécessaire pour annuler le projet. »
Sur la sellette…
Reste que les plaies sociales sont profondes… Lors des manifestations de ces derniers jours, note Le Monde Afrique, « des pancartes ont grimé les députés en “cochons“, eux qui figurent parmi les parlementaires les mieux payés au monde. L’exécutif n’a pas été épargné, surtout le président William Ruto, élu il y a deux ans en promettant des millions d’emplois et une vie moins chère.
Ce riche homme d’affaires, parti de rien, rappelle le journal, s’est érigé en incarnation des “hustlers“, ce petit peuple des débrouillards qui forment l’essentiel de l’économie. Mais depuis son arrivée au pouvoir en 2022, il a multiplié les nouvelles taxes pour faire face à la dette (67 % du PIB). Au point que le très pieux Ruto est désormais surnommé “Zakayo“, du nom de Zachée, un opiniâtre collecteur d’impôts de la Bible. « “Ruto must go“ (“Ruto doit partir“), clament les manifestants. »
La colère va-t-elle retomber ?
Et Le Monde Afrique de s’interroger : « dans ce contexte, le retrait de la loi budgétaire suffira-t-il à calmer la colère ? Après le Parlement, la prochaine mobilisation appelait initialement à “occuper la State House“, le Palais présidentiel, ce jeudi. Hier, avant même le retrait de la loi, des organisateurs insistaient plutôt sur une marche blanche en mémoire des victimes. « C’est une victoire pour le pays, mais ce n’est évidemment pas la fin », estime un activiste interrogé par le journal, « qui ira marcher aujourd’hui “pour les vies perdues“. L’attention pourrait se détourner de la résidence officielle – récemment rénovée – de William Ruto. Mais ce dernier doit maintenant trouver les centaines de millions de dollars qui manquent à son budget. »
Guinée : la mort mystérieuse d’un général emprisonné…
À la Une également, la Guinée, avec la mort du général Sadiba Koulibaly, l’ancien chef d’état-major général des armées…
Le général Koulibaly est mort alors qu’il était en prison. Il avait été récemment « condamné, rétrogradé et radié ! », rappelle le site d’information Guinée 7, « pour détention illégale d’armes et désertion à l’étranger. » Il serait mort d’une crise cardiaque.
« À la prise du pouvoir par le CNRD en septembre 2021, il avait joué un rôle de premier plan, rappelle Africa Guinée, ce qui lui avait même valu le titre de numéro 2 du Pouvoir militaire. Il avait commencé à tomber en disgrâce à partir de mai 2023, lorsqu’il avait été démis de ses fonctions de chef d’état-major général des armées, puis nommé ministre de l’Urbanisme, avant d’être limogé le lendemain de sa nomination. »
« L’étrange mort de Sadiba Koulibaly », pointe pour sa part Jeune Afrique. « En saura-t-on davantage sur les circonstances de son décès et, si oui, cela suffira-t-il à dissiper le doute ? », s’interroge le site panafricain.
« Une mort et moult interrogations », lance le quotidien Aujourd’hui à Ouagadougou. « De quoi cet officier supérieur très respecté de l’armée était-il vraiment accusé ? Quelle est la nature de sa brouille avec son ancien allié, le président Doumbouya ? Le soupçonne-t-on d’avoir voulu attenter à la sûreté de l’État ? Pourquoi, selon les avocats, on fait de la résistance pour restituer le corps ? Un décès et une kyrielle de questions qui font que beaucoup veulent en savoir davantage ! »
En tout cas, relève Le Monde Afrique, « son décès survient dans une période de forte crispation intérieure, au moment où l’opposition critique un exercice du pouvoir autoritaire et solitaire par le général Mamadi Doumbouya, aujourd’hui investi Président. »
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