À la Une: le Sahara occidental, la France s’aligne sur la position du Maroc
Publié le :

« C’est un dossier qui empoisonne la vie de la diplomatie internationale en général et du Quai d’Orsay en particulier depuis presque 50 ans, constate Le Point Afrique. Le Sahara occidental ? Une terre grande comme l’Italie, deux habitants par kilomètre carré, une vaste façade sur l’Atlantique, un spot formidable pour les surfeurs, paraît-il. Sur le papier, un héritage de l’Histoire, un legs des années coloniales. Une terre que se disputent frontalement l’Algérie et le Maroc sans avoir le même objectif, rappelle encore Le Point Afrique. Alger ne revendique pas la paternité du territoire, mais exige son indépendance au profit des Sahraouis. Le Royaume chérifien est formel : le Sahara occidental fait partie de son territoire, "les terres du sud" comme disent les Marocains. Sommée de choisir entre l’Algérie et le Maroc, Paris a longtemps joué à l’équilibriste (…). »
Un tournant diplomatique…
Mais apparemment, Paris a fait son choix… En effet, relève Le Monde Afrique, « c’est un tournant dans la diplomatie française au Maghreb (…). Paris reconnaît désormais que le plan marocain d’autonomie du Sahara occidental de 2007 est "la seule base pour aboutir à une solution politique juste, durable et négociée conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies". C’est ce qui ressort d’une lettre d’Emmanuel Macron adressée au roi Mohammed VI, rendue publique hier par l’Élysée. »
Résultat, analyse Le Monde Afrique, « le champ des possibles se trouve ainsi resserré, aux yeux des Français, autour de la perspective d’autonomie sous souveraineté de fait marocaine. Soit la reconnaissance officieuse, à défaut d’être explicite, de la "marocanité" du territoire. (…) Dans le difficile équilibre que sa diplomatie s’efforce d’atteindre entre les deux "frères ennemis" du Maghreb, la France se rapproche ainsi ostensiblement du Maroc au risque de provoquer une nouvelle crise avec l’Algérie ».
« Lune de fiel entre Alger et Paris »
Justement, en Algérie, c’est la douche froide…
Pour le site d’information algérien TSA, « en s’alignant désormais ouvertement sur les thèses marocaines, Paris prend le risque de s’exposer à une nouvelle brouille diplomatique avec l’Algérie, dont les relations avec son ancien colonisateur connaissent des turbulences cycliques, particulièrement en raison du contentieux mémoriel. Une remise en cause de la prochaine visite d’État en France, déjà plusieurs fois reportée, du Président Abdelmadjid Tebboune, prévue fin septembre, n’est pas à exclure. (…) Les prémices d’une crise à venir et peut-être durable sont là, et de nombreux médias anticipent une grave brouille entre les deux pays ».
« Après la lune de miel, c'est la lune de fiel entre Alger et Paris », renchérit Le Matin d’Algérie. « L’Algérie n’en restera pas à un simple rappel de son ambassadeur en France. Une mesure prise deux fois depuis 2020. À Alger, c’est la colère noire. Il se susurre que l’Algérie pourrait demander le départ de l’ambassadeur de France à Alger, comme deuxième levier de pression sur Paris. Cette crise avec la France est très mal venue pour le président Abdelmadjid Tebboune à un mois de la présidentielle ».
Sanctions commerciales ?
Le quotidien Aujourd’hui à Ouagadougou s’interroge sur d’éventuelles sanctions commerciales de la part d’Alger : « Avec ce tonnerre diplomatique français dans le ciel algérien, doit-on s’attendre à des rétorsions commerciales de l’Algérie vis-à-vis de la France ? L’Algérie étant le premier pays partenaire commercial de la France, verra-t-on ce commerce s’amenuiser ou disparaître ? Avec 95 % de ses hydrocarbures (pétrole, gaz) vendus à la France, que se passera-t-il avec ce pied de nez ? ».
Plus à gagner en misant sur Rabat ?
En tout cas… Les États-Unis, l’Allemagne et l’Espagne avaient déjà basculé en faveur du Maroc et maintenant la France… « La pilule est difficile à avaler pour la diplomatie algérienne, pointe Ledjely en Guinée. Car un tel choix suppose que les autorités françaises sont prêtes à assumer les conséquences qui pourraient en découler. Cela signifie que Paris a dû faire un arbitrage entre les avantages et les inconvénients pour conclure qu’il avait plus à gagner en misant sur Rabat. Ce qui n’est pas flatteur pour Alger qui entend pourtant jouer parmi les grands du continent africain ».
« Quant à l’Union africaine, elle se sentira aussi contrariée, croit savoir Le Pays au Burkina Faso ; elle qui semblait avoir en partie épousé la cause du Front Polisario. Même si, depuis un certain temps, avec l’activisme diplomatique du Maroc, les positions n’étaient plus convergentes sur le sujet ».
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne