Inde: comment le gouvernement de Narendra Modi stigmatise de plus en plus les musulmans
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En Inde, les discriminations et les violences à l'encontre des musulmans se multiplient sous le gouvernement de Narendra Modi. La politique du Premier ministre, en poste depuis 2014, se réclame de l'Hindutva, un courant idéologique suprémaciste. Il entend faire de l'Inde, pays laïc et multiconfessionnel une nation hindoue. De quelle manière ? Nous en parlons avec Sébastien Farcis, correspondant de RFI à New-Delhi, la capitale.

Dans cet épisode de Témoins d'actu, Sébastien Farcis commence par expliquer que la montée du nationalisme s'est faite progressivement et que le point de bascule a eu lieu en 2019 lors de la réélection de Narendra Modi au poste de Premier ministre. « En 2014, Narendra Modi a été élu sur un programme économique, mais il laissait déjà entrevoir une politique en faveur des hindous au nom de l'hindouisme. Après sa réélection, cela s'est accentué avec deux lois. La première s'appelle la loi sur la citoyenneté, qui prévoit que la citoyenneté indienne peut être donnée sur des critères religieux. On établit une équivalence entre l'hindouisme et la citoyenneté indienne. L'autre exemple de cette politique, c'est le Cachemire à la frontière avec le Pakistan. C'est le seul État à majorité musulmane du pays et le gouvernement a décidé d'abroger son autonomie qui existe depuis plus de 50 ans ».
La politique de discrimination devient alors plus agressive, mais, explique Sébastien : « Officiellement, il n'y a pas de discriminations. Le gouvernement donne aux musulmans comme aux autres Indiens les aides publiques, les rations alimentaires, mais dans les discours publics, il annonce que les personnes qui portent certains habits ou la barbe sont les ennemis de l'Inde. Aujourd'hui, le gouvernement attaque la possibilité de porter le voile à l'école, ou la possibilité de répondre à l'appel à la prière dans un lieu public. Les musulmans ne doivent pas être ostensiblement musulmans ».
Sébastien Farcis poursuit en expliquant le fonctionnement de la sphère nationaliste hindoue : « Elle opère à travers une matrice qui s'appelle le RSS, un groupe fondé en 1925. À l'époque, il considérait que les hindous étaient en danger par rapport à l'islam, donc ils ont créé cet organe, social, politique et militaire pour s'unir. Aujourd'hui, le Premier ministre, comme le ministre de l'Intérieur sont issus de ce RSS. Cette organisation compte aussi des sous-groupes qui eux sont chargés des basses œuvres et des violences anti-musulmanes ».
Mi-avril, les processions hindoues de Ram Navami ont été marquées par des provocations : « En marge de ces processions, ces groupes militants sont entrés dans les quartiers musulmans en insultant les habitants avec des slogans islamophobes. Ces derniers ont répliqué en lançant des pierres et ce sont eux qui ont été accusés de troubles. En réponse, le gouvernement a envoyé des bulldozers pour détruire les maisons et les commerces des musulmans en prétextant qu'il s'agissait de constructions illégales ».
Sébastien se dit inquiet de la multiplication de ces actes : « Je vois ce pays se transformer en une sorte de chaudron qui est prêt à exploser à tout moment. Cette situation influence aussi les débats, les relations. J'ai très peur pour ce pays qui est magnifique et qui a une diversité splendide ».
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