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Philippines: chasse à l’homme après l’attentat contre des chrétiens sur l’île de Mindanao

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Aux Philippines, une véritable chasse à l’homme est en cours, depuis l’attentat dimanche 3 décembre, qui a fait quatre morts et une cinquantaine de blessés. Une bombe a explosé en pleine messe catholique dans le gymnase d’une université à Marawi sur l’île de Mindanao. Depuis longtemps, elle est le théâtre d’un conflit entre des groupes jihadistes et le pouvoir central.

Les forces de l'ordre enquêtent sur les lieux d'une explosion survenue lors d'une messe catholique dans un gymnase de l'université d'État de Mindanao à Marawi, aux Philippines, le 3 décembre 2023.
Les forces de l'ordre enquêtent sur les lieux d'une explosion survenue lors d'une messe catholique dans un gymnase de l'université d'État de Mindanao à Marawi, aux Philippines, le 3 décembre 2023. © Reuters/Lanao del sur provincial government
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Trois semaines avant Noël, le début de l’Avent a été sanglant à Marawi pour les catholiques, majoritaires aux Philippines. Marawi est la plus grande ville musulmane du pays, située sur l’île de Mindanao, que les musulmans philippins considèrent comme leur terre ancestrale. En 2019, ils y avaient obtenu leur autonomie et donc leur propre gouvernement dans l’ouest de l’île, après un conflit avec le pouvoir central qui a duré 40 ans et qui a fait plus de 150 000 morts. À l’époque, le plus grand groupe rebelle des Philippines, le « Front Moro de libération nationale », avait déposé les armes. C’était le début d’une accalmie, mais qui a donc pris fin dimanche dernier.

Revendication

En 2014, le Front Moro avait pourtant signé un accord de paix, mais de plus petites factions d’insurgés sont, elles, restées hostiles à cet accord. Il s’agit notamment des groupes Abou Sayyaf et Dawlah Islamiyah-Maute. Les deux hommes que la police cherche actuellement, Kadapi Mimbesa et Arsani Membisa, appartiennent à ce dernier. Ces deux mouvements ont prêté allégeance à l’État islamique. Le mouvement jihadiste, qui a revendiqué l’attentat, est tristement célèbre à Marawi. L’assaut de ses combattants sur la ville, en 2017, est resté dans toutes les mémoires. L’armée avait dû batailler pendant cinq longs mois pour chasser les membres d’Abou Sayyef et de Dawlah Islamiyah Maute de la ville, laissée en ruines.

Ces militants proches de l’État islamique continuent aujourd’hui leur lutte, traquée sans répit par l’armée. C’est justement à la veille de l’explosion d’une bombe en pleine messe qu’une vaste opération militaire, aérienne et terrestre, a eu lieu dans la région. L’armée s’était d’ailleurs félicitée d’avoir tué au moins une douzaine de terroristes, parmi, eux aussi, un « expert en bombes » soupçonné d’avoir commis l’attentat meurtrier contre une cathédrale sur l’île de Jolo en 2019.   

S’agit-il donc d’une vengeance du mouvement jihadiste ? Avant même que l’État islamique ne revendique l’attentat de Marawi, le chef de l’armée, le général Romeo Brawner, a en effet évoqué cette hypothèse, celle d’une opération en guise de représailles pour venger les victimes du raid militaire. Mais l’armée a déjà fait savoir qu’elle continuera son opération massive pour traquer les groupes terroristes et les auteurs présumés de l’attentat de Marawi contre les chrétiens philippins.

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