La Chine entend lancer la production de masse des robots humanoïdes à partir de 2025
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La Chine mise sur les robots humanoïdes comme moteur de la croissance. Selon un rapport du ministère chinois de l’Industrie et des Technologies de l’information (MIIT), la production de masse de ces robots ressemblant aux humains devrait commencer d’ici à 2025.

Le cocktail intelligence artificielle associée aux robots a entraîné une envolée des actions du secteur de la robotique. Et ce rapprochement devrait modifier de manière durable l’industrie en Chine, selon l’« avis directeur sur le développement innovant des robots humanoïdes » publié jeudi 2 novembre par le MIIT. Ce document de neuf pages exhorte les entreprises concernées à accélérer leurs programmes de développement. Il fixe à la fois les objectifs et l’agenda de cette nouvelle ambition chinoise, avec des étapes pour devenir l’un des pays leaders : la production de masse de ces robots humanoïdes devrait commencer à partir de 2025 et, en 2027, les 机器人, littéralement les « hommes machines » comme disent les Chinois – augmentés de l’intelligence artificielle -, pourraient devenir l’un des moteurs de la croissance de la deuxième économie du monde.
Rattrapage en amont
La Chine veut accélérer son développement et son autonomie dans la robotique, dans un contexte de concurrence avec les États-Unis, mais pas seulement. L’annonce des autorités constitue aussi un programme de rattrapage. Il s’agit d’upgrader toute une chaine industrielle en amont. Dans la fabrication des robots, il y a par exemple des vis à billes, dont les champions sont aujourd’hui les Allemands et les Japonais. Rien que pour les vis, le marché devrait dépasser les 17 milliards d’euros -132, 4 milliards de yuans- en 2035. Cela sans parler d’autres composants tels que les « capteurs de couple », les « réducteurs d’harmonique », les « moteurs sans noyaux » et autres joyeusetés de la robotique, pour lesquelles les Suisses notamment sont très forts. En aval en revanche, la Chine fait déjà partie des pays très avancés. On trouve des robots de service partout dans les aéroports, les hôtels, les centres commerciaux, les restaurants des mégalopoles chinoises. Les humanoïdes étaient aussi les stars du dernier salon des robots à Pékin, où les visiteurs ont pu assister aux premiers pas des robots marcheurs. « Nous sommes encore en phase de recherche et développement, expliquait alors la démonstratrice sur le stand de la 'Nouvelle ère des robots'. L’objectif, c’est que notre robot bipède puisse entrer au plus vite dans les foyers pour fournir des services — aller vous chercher des choses par exemple – et de la compagnie. Pour l’instant, on est au stade ou le robot marche normalement sur quatre types de revêtements. Notre technologie et nos algorithmes sont solides, cela devrait aller vite. »
Fin du travail ?
Les choses pourraient aller vite avec ces nouvelles directives, alors que la société chinoise se pose des questions sur les changements sociétaux avenir et l’emploi. Est-ce qu’on travaillera encore en 2035 ? Avec une pyramide des âges à tête de champignon et des coûts de la main d’œuvre qui augmentent, les robots pensants devraient « libérer les humains de travaux répétitifs et ennuyeux et offrir la possibilité d’une meilleure qualité de vie », affirme un analyste de CITIC Securities dans une note partagée sur le réseau Weibo. Les nouveaux poinçonneurs des Lilas en Chine, ce sont les serveurs dans la restauration ou les hôtesses d’accueils par exemple, mais aussi tout un tas de métier qui pourrait être partiellement remplacés, comme ceux des ingénieurs data. Avec l’IA, la moitié des ingénieurs civils pourrait également perdre leur emploi dans l’architecture, affirmait un intervenant à une table ronde sur le sujet le mois dernier. Ce qui forcement interroge dans un contexte de hausse du chômage des jeunes. La potentielle « crise existentielle » qui se profile liée à ce boom des humanoïdes qui nous seront ou non associés, est à mettre en balance avec la promesse d’un gigantesque marché : le stock mondial de robots ressemblant à l’humain pourrait en effet dépasser les 30 millions d’unités en 2035, dit encore le rapport de la CITIC Securities. Sur la base d’un prix de base de 140 000 yuans (18 000 euros) par humanoïde, le marché pourrait dépasser les 1 000 milliards de yuans (près de 128 milliards d’euros).
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