L'Australie et la Papouasie-Nouvelle-Guinée scellent un accord pour contrer l'influence chinoise
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La Papouasie-Nouvelle-Guinée célèbre mardi 16 septembre le 50ème anniversaire de son indépendance, des cérémonies auxquelles les autorités ont notamment convié le Premier ministre australien Anthony Albanese, ainsi que plusieurs membres de son gouvernement. La Papouasie est une ancienne colonie du Royaume-Uni, de l’Allemagne, mais aussi de l’Australie. Mais les rapports entre ces deux pays, voisins géographiquement, ont bien évolué ces cinq dernières décennies : ils s’apprêtent même à signer un accord de défense, qualifié d’historique.

De notre correspondant à Sydney,
Ce traité « pukpuk », un terme qui signifie crocodile dans l’une des principales langues parlées en Papouasie-Nouvelle-Guinée, il va considérablement renforcer les liens militaires entre les deux pays, puisque tout d’abord, il va permettre aux citoyens de Papouasie-Nouvelle-Guinée d’entrer dans l’armée australienne, en échange de quoi ils pourront obtenir la nationalité australienne.
C’est aussi un accord qui vise à rendre totalement interopérables ces deux armées, c'est-à-dire qu’elles utiliseront le même matériel, les mêmes munitions, et qu’elles vont aussi organiser annuellement des exercices militaires conjoints pour vraiment apprendre à travailler ensemble.
Assistance mutuelle
L'accord prévoit aussi une assistance mutuelle. C'est un point essentiel de cet accord. Cela signifie que si l’un de ces deux pays était la cible d’un ennemi, il engagerait automatiquement l’autre à intervenir, bref un accord militaire qui lie très fortement ces deux pays, autant que l’Australie l’est déjà avec le traité Anzus, avec la Nouvelle-Zélande et les États-Unis.
Ce qui a de quoi surprendre ici, c'est que depuis son indépendance, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, en matière de politique étrangère, applique une politique de stricte neutralité. Or là, avec cet accord, elle s’inscrit clairement dans le camp occidental, et cela pourrait avoir des conséquences économiques importantes pour ce pays dont le développement reste très dépendant des investissements étrangers.
La Chine, la grande perdante ?
Le pays à qui cet accord risque de déplaire le plus, c’est la Chine. Si l’Australie tient tant à cet accord, c’est justement parce qu’elle veut contenir l’influence grandissante de Pékin dans une région qu’elle considère comme son pré-carré. Canberra voit bien que la Chine est en train de monter en puissance dans cette région, à la fois en apportant une aide économique, en construisant des infrastructures dans certains de ces pays, des investissements qui ont permis de convaincre certains de ces petits pays du Pacifique, qui faisaient partie des rares dans le monde à avoir des relations diplomatiques avec Taïwan, à y renoncer, pour établir des liens officiels avec Pékin.
C’est le cas de Nauru, des Kiribati, et aussi des îles Salomon, les îles Salomon qui sont même allés, en 2022, jusqu’à signer un accord sécuritaire avec la Chine, qui a vraiment sonné l’alerte en Australie.
Des contacts entre voisins renoués depuis l'arrivée des travaillistes à Canberra
Depuis, le gouvernement a changé à Canberra, et il s'est donné pour priorité de renouer des contacts étroits avec tous ses voisins du Pacifique. Cet accord avec la Papouasie-Nouvelle-Guinée, en est l’une des plus éclatantes illustrations, et Anthony Albanese a indiqué il y a quelques jours qu’il aimerait bien signer un accord similaire avec Fidji.
Le succès n’est toutefois pas garanti partout pour l’Australie. La semaine dernière, Anthony Albanese devait se rendre à Vanuatu pour signer un accord du même type. Mais cette signature a finalement été repoussé aux calendes grecques, faute d’accord au sein du gouvernement Vanuatais, certains membres craignant en effet qu’en concluant un tel accord, cela pourrait mettre un coup d’arrêt aux investissements venus d’autres pays... notamment de la Chine.
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