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Corée du Nord: lourdes sanctions après une campagne de cyberattaques

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Les États-Unis, la Corée du Sud et le Japon ont lancé, ce week-end, une nouvelle initiative afin de lutter contre les cyberattaques venues de Corée du Nord. Cette coopération trilatérale doit permettre de couper une source d’information et de financement précieuse pour Pyongyang. Le pays, sous de lourdes sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU, a obtenu des milliards de dollars via le vol de cryptomonnaies ces dernières années.

Le conseiller à la sécurité nationale de la Corée du Sud, Cho Tae-yong (centre), serre la main du conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, Jake Sullivan (gauche) et du secrétaire général du Secrétariat à la sécurité nationale du Japon, Takeo Akiba, après leur conférence de presse conjointe au bureau présidentiel, le 9 décembre 2023, à Séoul.
Le conseiller à la sécurité nationale de la Corée du Sud, Cho Tae-yong (centre), serre la main du conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, Jake Sullivan (gauche) et du secrétaire général du Secrétariat à la sécurité nationale du Japon, Takeo Akiba, après leur conférence de presse conjointe au bureau présidentiel, le 9 décembre 2023, à Séoul. © AP - Chung Sung-Jun
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Avec notre correspondant à Séoul,

1,2 térabytes d’informations et 330 000 euros de rançon. Voici le butin obtenu par le groupe de hackers nord-coréen Andariel, lors d’une attaque visant quatorze entités sud-coréennes, entre décembre 2022 et le mois de mars de cette année. À Séoul, une enquête menée en partenariat avec le FBI cherche à déterminer si cette cyberattaque a permis à la Corée du Nord d’obtenir des informations sur une arme laser anti-aérienne. Ce dernier raid numérique avait pour cible notamment des entreprises du secteur de la défense. D’après l’agence de police de Séoul, l'attaque venait du quartier de Ryugyong à Pyongyang.

Début décembre, les États-Unis et la Corée du Sud ont dévoilé cette nouvelle incursion numérique nord-coréenne, venant s’ajouter une longue liste de cyberattaques attribuées au régime des Kims.

Un pays coupé d'internet

Ce samedi 9 décembre, avec le Japon, les deux pays ont dévoilé une « nouvelle initiative » visant à limiter la force de frappe nord-coréenne sur internet. Selon Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, la coopération accrue avec Séoul et Tokyo permettra de « perturber la capacité de la Corée du Nord, à tirer des revenus du piratage et du vol de cryptomonnaies, puis de leur blanchiment ». Un objectif ambitieux, tant le pays a su contourner les sanctions par cet intermédiaire.

La grande majorité des Nord-coréens n’a pas accès à internet, et le pays fonctionne numériquement grâce à un réseau interne. Mais depuis l’alourdissement des sanctions du Conseil de sécurité en 2017, le pays a massivement investi dans la guérilla numérique. Ses hackers garantissent des revenus au régime. Ces six dernières années, le groupe Lazarus aurait obtenu à lui seul trois milliards de dollars en cryptomonnaies, dont 1,7 milliard sur l’année 2022, selon un rapport de Recorded Future’s Insikt Group. Mais les diverses équipes de hackers du pays ont des objectifs et des cibles variés. Certaines ciblent la Corée du Sud, d’autres les portefeuilles de crypto-monnaies ou encore les secteurs des nouvelles technologies, du nucléaire ou de la santé.

Leur fonctionnement, particulièrement opaque, rend complexe toute action à leur encontre. Car si une partie d’entre eux opèrent depuis la Corée du Nord, ils seraient aussi nombreux à utiliser les serveurs chinois. Sans la coopération de Pékin, toute initiative de lutte contre les cyberattaques semble être vouée à avoir un impact limité. Et dans l’état actuel des relations sino-américaines, il semble difficile de voir émerger rapidement une volonté de coopération venue de Chine. Un blocage qui fait l’affaire de Pyongyang, qui nie tout acte numérique malveillant ou implication dans les cyberattaques.

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